Pitchipoï, c’est Auschwitz que l’auteur eut la chance d’éviter de justesse grâce à la clémence de gendarmes français qui du camp de Drancy les firent sortir eux, un cadeau de la vie, élection du destin qui leur épargnera le gaz auquel les autres n’échapperont pas.
Ce destin à la fois et poisseux et chanceux du départ au retour dans ce village honteux, c’est ce que nous raconte l’autobiographie de ces noires années pour les Moscovici.
Une autobiographie aux airs documentaires. Des textes officiels ou notes par derrière alimentent l’écrit de preuves historiques, si bien qu’à lire tout, cette triste chronique semble plus un travail fait par un historien. C’est froid, peu d’émotions. Est-ce qu’il s’en souvient ? La documentation ne serait-elle pas un aveu de l’oubli qu’il comble par cela ? Ou alors est-ce un choix de ne pas se livrer par crainte de revoir pleinement ces années ? Ou simplement a-t-il beaucoup trop de fierté pour nous montrer ses peurs et sa fragilité ? Il la montre parfois, je penche pour l’oubli : les heures de ténèbres au cours d’une vie s’impriment noir sur noir, refouler c’est survivre. J’aime à penser qu’il a, en composant ce livre, cherché à retrouver tout ce qu’il a vécu, à le recomposer par ceux qui l’ont connu, d’où ce chapitre long sur la vie de sa mère après avoir semé les forces militaires.
Précisons toutefois que c’est une édition revue et augmentée qui vaut bien révision pour tous ceux qui l’ont lu à sa prime sortie, pensent avoir tout lu de ce que l’auteur dit.
Froidmont - Laon - 33 ans - 16 août 2023 |