Vie du père Foucault ; Vie de Georges Bandy
de Pierre Michon

critiqué par Veneziano, le 10 janvier 2010
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Vies minuscules de deux clercs
Extraits des huit Vies minuscules, Pierre Michon, écrivain d'origine modeste, venant du fin fond de sa Creuse natale, évoque l'existence de deux clercs qu'il a croisés. Le premier est rencontré à l'extrême fin de sa vie, mourant, et finit par révéler la raison, d'ordre culturelle, qui le pousse refuser d'être soigné à Paris. Le second est un ancien ami d'enfance : cette orientation étonne fortement l'auteur et décrit la transformation et les éléments de continuité du personnage.
Dans les deux cas, l'auteur commence par dépeindre sa propre vie pour décrire en détail les circonstances de la rencontre avec le personnage dont il dresse le portrait.

Le titre de Vies minuscules sonne juste : ces êtres sont modestes, évoluent chichement, voire misérablement. Pourtant, ils apportent quelque chose, de signifiant, au moins sur le plan théorique.
Il est dommage que l'auteur n'analyse que très peu ces vies et ne transcende pas davantage au fond ces illustres sans-grade, malgré un style qui pourrait bouleverser par son emphase. Au lieu de cela, ces nouvelles biographiques succombent trop souvent dans un misérabilisme qui n'est pas sauvé par un style qui apparaît trop ampoulé : trop de formes rares de passé simple, à la première personne du pluriel notamment, et d'imparfait du subjonctif pour un texte aussi descriptif le rendent étonnamment pédant.
C'est dommage : ces expériences auraient pu être embellies par ce qu'elles lui ont apporté, et il n'évoque la chose qu'indirectement ou à demi-mot.