Pierre André revient au pays, approchant de la quarantaine, pour s'occuper de sa mère vieillissante et de ses terres. Il a tenté sa chance à Paris et à l'étranger ; il n'a guère réussi (c'est un rêveur) ni en affaires ni en amour, et est rentré au bercail après le décès de son père. Non loin de là habite sa filleule Marianne qui, à vingt-cinq ans, est sur le point de devenir une vieille fille, malgré les revenus importants de sa propriété, qui ne se trouve pas jolie ("Il ne lui manquait pour être jolie que d'avoir songé à l'être, ou de croire qu'elle pouvait le paraître"). Voilà que M. Gaucher que Pierre a connu à Paris, lui envoie son fils Philippe, afin de l'établir, si possible par un riche mariage. M. Gaucher envisage justement pour son fils une union avec Marianne et demande à Pierre de servir d'entremetteur. Mais Marianne n'entend pas se faire imposer un homme qui ne lui plaira peut-être pas. De son côté, Pierre, bien que se trouvant trop vieux ("Suis-je un homme usé ou brisé ?"), et estimant qu'il y a trop de "différence d'âge, d'expérience, de réflexion", se rend pourtant compte qu'il a une attirance pour sa filleule. Mais, ayant promis à son ami parisien, il présente Philippe à Marianne. Échec retentissant.
Sur le thème de l'homme mûr et de la jeune fille (déjà abordé d'une façon différente dans La mare au diable), George Sand dans son dernier roman, brode avec délicatesse la naissance et la reconnaissance de l'amour dans le cadre bucolique de son cher Berry. C'est un enchantement, et on comprend que Flaubert, pourtant habituellement peu tendre à l'égard des romans de sa vieille amie, ait été cette fois séduit : "Marianne m'a profondément ému et deux ou trois fois j'ai pleuré. […] Comme tout cela est charmant, poétique et vrai !... […] Ainsi donc pour cette fois je vous admire pleinement et sans réserve."
On ne peut qu'approuver !
Cyclo - Bordeaux - 79 ans - 27 octobre 2015 |