Krach Party
de Philippe Nicholson

critiqué par BONNEAU Brice, le 2 novembre 2009
(Paris - 39 ans)


La note:  étoiles
Très bon premier roman
« La crise » des marchés financiers a jeté les places boursières et leurs mécanismes sous le regard plein d’incompréhension du grand public, qui prenait conscience que la stabilité économique du monde était garantie par une flopée d’hyperactifs coronariens qui jouaient avec des sommes faramineuses comme d’autres jouent innocemment avec des billets de Monopoly.

Dans Krach Party, le journaliste financier Philippe Nicholson plonge le lecteur dans la folle journée d’un krach, se focalisant tour à tour sur plusieurs protagonistes ayant des intérêts souvent conflictuels entre eux, n’hésitant pas à mentir, manipuler, menacer ou passer à l’attaque pour parvenir à leurs fins.

En haut de la pyramide se trouve Hugues Frassier, qui gère avec son équipe des fonds à risque, pratiquant la haute voltige financière sous bêta-bloquants, se complaisant dans le luxe et la démesure. Autour de lui, on retrouve sa femme, sa maîtresse qui dirige une des plus importantes boîtes de communication de la capitale, dont un stagiaire va commettre une fuite dans les médias d’ampleur catastrophique pour les marchés. Frassiers n’a pas beaucoup d’amis, et même les consultants qu’il emploie pour tout savoir, tout prévoir et tout manipuler le lâchent au profit d’un geek à la tête d’un empire pornographique ayant décidé de lui faire la peau. C’est sans compter sur un vieux journaliste briscard mais trop amoureux de la bouteille, qui compte bien monnayer le silence sur ce qu’il a découvert contre un paquet de billets. Le tout sur fond de krach sur les bourses mondiales…

Krach Party est un roman surprenant, et on imagine difficilement que les milieux de la bourse puissent se révéler aussi passionnants. Entre coups bas, sexe, cocaïne et analyses financières, Philippe Nicholson a su dresser un portrait juste et affuté d’une communauté aux codes souvent inabordables. Un très bon premier roman !
Un portrait à l'image du modèle 7 étoiles

Krach Party c’est une bonne idée (narrative) : raconter sur une durée de 24 heures un krach boursier et ses dommages collatéraux. C’est bien vu d’autant que cela a permis à l’auteur de mettre en valeur sa plume nerveuse et péremptoire.

Krach Party c’est aussi un postulat parfaitement dans l’air du temps : les gens qui bossent dans la finance, et ceux qui les aident, sont pourris jusqu’à la moelle : côté face ils pensent à faire du fric jour et nuit , côté pile ils baisent et se shootent, quand ils ne se lancent pas dans l’industrie du porno, très rémunératrice inutile de le préciser.

Krach Party, c’est enfin une thèse bien sentie, à savoir que l’Europe est finie, carbo, que l’Amérique est sur le déclin et que l’avenir c’est en Asie qu’il se trouve (cf l’épilogue).

Au final, ça tient la route, ça tient en haleine même si la profondeur n’y est pas : mais comment écrire « en profondeur » sur une époque aussi superficielle ?

Montgomery - Auxerre - 52 ans - 24 août 2010