Les passagers du vent , Tome 1 : La fille sous la dunette
de François Bourgeon

critiqué par Leura, le 25 décembre 2001
(-- - 73 ans)


La note:  étoiles
Un magnifique roman d'aventures en BD
Bourgeon est un grand artiste. Il a commencé sa carrière en faisant des vitraux, puis est venu à la BD. Les passagers du vent sont une de ses premières séries, et déjà un coup de maître.
La précision et la beauté du dessin, combinées à une documentation historique rigoureuse et à un scénario épique en font une oeuvre majeure et incontournable. Les aventures d'Isa l'aristocrate déchue et d'Hoël le marin ont lieu pendant les dernières années de l'ancien régime. La mer est omniprésente, l'action se déroulant le plus souvent sur un bateau. Je ne vous en dirai pas plus pour ne pas gâcher votre plaisir...
Une bonne bande dessinée... 6 étoiles

... aux dessins et à l'histoire réalistes.
Une saga historique mais pas que. Pas de première jeunesse puisque publiée en 1979 mais qui a su rester intemporelle.

On ne peut que souligner le graphisme excellent, les couleurs de cet album ainsi que la rigueur du travail documentaire fourni.

Ce n'est pas un coup de coeur, mais un ouvrage de bonne facture toutefois.

Lolita - Bormes les mimosas - 38 ans - 31 décembre 2017


Une fresque épique qui exhale l’air du large… 8 étoiles

Ce premier tome démarre en plein océan au XVIIIème siècle (quelque dix années avant la Révolution française) à bord d’un navire de la Marine royale, où se cache Isabeau, jeune femme de descendance noble en compagnie de Agnès, sa sœur adoptive qui a usurpé son identité quelques années auparavant. Isa sera amenée à sauver la vie de Hoel, jeune marin breton châtié pour sa curiosité et dont elle tombera amoureuse...

Pour juger spécialement de ce premier tome, je dois dire qu’il m’a fallu un peu de temps pour rentrer dedans… heureusement la beauté du graphisme et la précision du trait vous accrochent, et certains passages, notamment la scène épique de la bataille navale et l’explication sur la présence d’Isa et de sa « sœur » sur le bateau, une histoire digne d’une tragédie antique, sont assez captivants. Ce n’est pas mon tome préféré, mais il a su toutefois me donner envie de lire la suite…

Bourgeon possède sans conteste un style inimitable, aussi bien à l’aise dans la représentation des paysages que dans celle des corps et des objets. Des corps d’ailleurs souvent dénudés lorsqu’ils sont féminins, ce que certains pourront juger racoleur… Mais si l’auteur aime la femme et ses formes à l’excès, il n’y a rien de vulgaire ici, juste une pincée d’érotisme, pas de machisme non, ce sont juste des corps, beaux à voir, ivres de désir, aux courbes sensuelles et généreuses… Un soin très grand a également été apporté au reste (car on pourrait presque croire que tout tourne autour du corps féminin). Bourgeon a fourni à lui seul un travail considérable avec un sens du détail poussé à l’extrême, grâce à une documentation historique très fouillée (la représentation des navires de l’époque ravira les admirateurs) -. Beau travail également sur les paysages et l’atmosphère, en particulier dans l’Afrique coloniale et les Antilles, on est littéralement transporté !

Là où je trouverais à redire, c’est plutôt au niveau du scénario ou des dialogues, qui m’ont à certains moments paru confus, même si cela ne m’a pas gêné pour lire l’histoire jusqu’au bout, peut-être grâce à l’humour parfois cocasse ou coquin des situations... En fait, j’ai plus apprécié l’histoire pour le côté dépaysant que pour le scénario lui-même, parfois trop touffu voire décousu … Par ailleurs, certains aspects traités pourraient faire l’objet d’un débat (les conditions de transport des esclaves édulcorées ?), même si dans l’ensemble, tout paraît plutôt réaliste, à l’instar de la psychologie des personnages. En outre, les amateurs de rebondissements ne seront pas déçus…
Difficile de ne pas parler de chef d’œuvre devant une entreprise telle que celle-ci, on ne peut être qu’admiratif devant l’étendue du travail fourni. Mais le défaut de Bourgeon est celui des démiurges, et pour le coup, on lui aurait su gré d’avoir délégué sur la partie scénario et dialogues…

Apparemment, l'auteur semble apprécier la femme autant pour ses formes que pour son indépendance (n’en déplaise aux féministes pures et dures, mais le libertinage n’est-il pas allié du féminisme ?), car comme dans ses productions suivantes (Le Cycle de Cyann), les héros sont des héroïnes non conformistes à la langue bien pendue (sans mauvais jeu de mots !), luttant à leur façon pour leur émancipation. Ce n’est peut-être pas un hasard si l’histoire se déroule au siècle des Lumières.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 7 octobre 2010