Napoléon III ou l'obstination couronnée
de Raphaël Lahlou

critiqué par Jean Berthet, le 13 octobre 2009
( - 89 ans)


La note:  étoiles
Raphaël Lahlou, ou l'art de faire revivre Napoléon III
Avec cette troisième édition, très largement augmentée (le livre est presque doublé par rapport aux deux petits formats de 2004 et 2006) d'un passionnant portrait de Napoléon III, Raphaël Lahlou - qui pour la première édition de ce livre avait reçu en 2005 un prix de l'Académie française -, montre qu'il n'a pas laissé se dévider sa passion pour l'un des destins les plus originaux du dix-neuvième siècle européen. N'en déplaise au cher Victor Hugo, "Napoléon le petit" est une mauvaise blague. L'homme a un parcours romantique, de héros de roman, passé chez Stendhal ou Giono dans sa jeunesse italienne. Comploteur malchanceux, mais pas obligatoirement maladroit, qui connaît et sérieusement les affres de la prison politique, Louis-Napoléon Bonaparte est devenu d'abord, avec un programme social qu'il appliquera et qui en fit de lui l'homme d'Etat le plus en avance socialement de son temps, notre premier président de la République. Puis, un an après le fameux coup d'Etat du 2 décembre 1851 -que l'historien a analysé en détails depuis dans son dernier ouvrage -, l'Empereur Napoléon III.
Ambitieux pour la France et pour l'Europe, Napoléon III n'est pas qu'un idéaliste, un songe-creux ou un téméraire. Arbitre de l'Europe après la guerre de Crimée, il est l'homme qui permet l'émancipation de l'Italie. Généreux, il suscitera plus tard la création de la Roumanie moderne. Fidèle à ses idéaux sociaux, d'un socialisme très intelligent et non lié au marxisme, il réalisera un programme de développement considérable en France. Son règne, dont Paris et bien des villes de province portent la marque dans la pierre comme dans les jardins publics, est décisif, notamment en matière d'éducation - Victor Duruy est injustement éclipsé par Jules Ferry. De cet homme qui fut un formidable bâtisseur et réformateur (qui comprît et la Corse et l'Algérie), on a longtemps fait, en politique intérieure et étrangère, mais aussi du point de vue humain, un portrait ridicule ou injuste. En 224 pages, Raphaël Lahlou, qui a disposé d'archives exceptionnelles, fait une analyse lucide de l'époque du Second Empire et, surtout, un portrait magistral de son souverain. Nuancé, documenté et particulièrement alerte, l'ouvrage est passionnant comme un roman. C'est un merveilleux moment d'Histoire qui est offert au public. A lire d'urgence aussi, comme l'ouvrage sur le coup d'Etat, pour saisir l'importance de la crise que nous vivons actuellement, en regard du drame de 1848. Un livre parfait... A l'image, chez le même éditeur, d'un excellent "Garibaldi" et d'un très bon et très fort, d'un passionnant et pertinent "Lawrence d'Arabie".


Jean Berhtet
Un grand sujet, un petit objet 5 étoiles

C'est toujours un grand plaisir de faire la connaissance d'un personnage historique célèbre mais profondément méconnu voire malmené par la postérité. Car ce destin est extraordinaire et Louis Napoléon a mené une politique qui a façonné la France moderne.

En ce qui concerne l'ouvrage lui-même je suis très déçu par la critique principale (qui m'a poussé à choisir cette biographie là plutôt qu'une autre). Son auteur est manifestement de parti pris. Sur ses 5 uniques critiques, toutes concernent Raphaël Lalhou et toutes sont plus dithyrambiques les unes que les autres.

Or "Napoléon III ou l'obstination couronnée" pèche par un grand manque de clarté.
Sur la forme d'abord : les phrases multiplient les relatives au détriment parfois de leur sens.
Sur le fond ensuite : le déroulement des événements n'est pas toujours exposé simplement, les éléments importants ne sont pas mis en exergue au milieu des nombreuses informations de second plan (le déroulement du coup d’État du 2 décembre 1851, pourtant crucial, n'est d'ailleurs quasiment pas développé). Certains points ne sont pas précisés étant probablement considérés comme acquis pour le lecteur (comme la mort civile, le "fameux livret" ouvrier, les divers courants politiques en présence). Des personnages sortent ex nihilo dans des anecdotes dont on ne comprend pas la portée (par exemple Madier de Montjau p 94 qui apparait sur 4 lignes suite à l'obtention d'un passeport blanc... qui est-il? qu'est ce que cela signifie?).
Tous ces élément m'ont presque fait regretter de ne pas m'être plutôt dirigé vers Wikipédia.

Bref si je suis content d'avoir rencontré Napoléon III, je reste déçu que ce soit de cette façon.

Elko - Niort - 47 ans - 13 novembre 2013


Un livre de qualité. 8 étoiles

Le livre est court mais complet, bien écrit. On regrettera peut-être qu'il n'apporte aucun nouvel élément sur le Second Empire et sa politique, mais il résume bien cette période de l'Histoire.

Une bonne approche pour cette période, dans la droite ligne de ce qu'avait fait P. Seguin.

Barre.dominique - - 65 ans - 20 décembre 2010