Le Prince blessé
de René Barjavel

critiqué par CC.RIDER, le 1 septembre 2009
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un recueil de nouvelles qui n'a pas pris une ride...
Un richissime prince de Bagdad, fils du Commandeur des croyants, venu se faire déniaiser à Paris tombe amoureux éperdument d’une actrice alors qu’il était censé apprendre à se comporter avec les femmes et à gérer son immense harem. Il aura une fin cruelle…
« Monsieur Léry » écume le marché de sa ville sans rien trouver.
« Monsieur Charton » voit son rêve de jardinier se transformer en cauchemar quand les plantes et surtout un mimosa, devenues ensorcelées, se rebellent contre lui.
« Les enfants de l’ombre » est un joli conte philosophique et fantastique illustrant la cupidité des hommes, l’horreur de la guerre et l’amour salvateur.
Dans « Les mains d’Anicette », tous ceux qui croient y lire l’avenir et se trompent lourdement. Les catastrophes s’accumulent.
« Péniche », ou quand un simple d’esprit bénéficiant de trois vœux de fée, bouleverse tout l’équilibre du monde. Fantaisie fantastique.
« La Fée et le soldat », autre joli conte, nous décrit un monde matérialiste, mécaniste, totalitaire et surtout monstrueusement désenchanté.
« L’homme fort » oblige le monde à vivre en pays… tant qu’il garde ses pouvoirs bien sûr…
« Béni soit l’atome » est une nouvelle de pure science-fiction, post-apocalyptique et pré-apocalyptique qui nous propulse bien au-delà de la conquête de l’espace. Des milliers d’années ont passé, l’homme est toujours aussi peu sage et toujours aussi belliqueux…
Ce livre est un recueil de nouvelles écrites par Barjavel dans ses débuts. Il s’agit principalement de contes poétiques ou philosophiques écrits d’une plume malicieuse et pleine d’humour. La vision de l’auteur est d’un pessimisme noir. La guerre, les privations (« Monsieur Léry ») et la menace d’une catastrophe nucléaire sont omniprésentes. Pacifisme, amour, rejet du matérialisme et du totalitarisme, toutes les idées force d’un des grands maîtres de l’anticipation française sont déjà là également, annonçant bien avant l’heure les années « Peace and Love » de 60/70. Il est d’ailleurs l’auteur du livre-culte des babas-cools, « Les chemins de Katmandou » écrit beaucoup plus tard. En science-fiction comme ailleurs, Barjavel se révéla donc comme un grand précurseur. Rien qu’à ce titre, il mérite tout notre respect. De plus, ce recueil fort bien écrit n’a pas pris une ride et se lit avec grand plaisir.