Bon, une preuve supplémentaire que je suis un total freak est que, une fois un livre commencé, je ne peux pas ne pas aller au bout, même si le livre est une plaie. Un peu comme certains ne peuvent pas quitter le ciné même si le film est minable (singularité dont je ne suis pas affublé). Effet de gel (cf Beauvois & Joule), radinerie basique d'Auvergnat obsédé par le ROI, ... peu importe.
Etant ensuqué dans un roman de 550 pages dont je ferai bientôt la chronique, je décide, autre tabou pour moi, de lire un autre livre en parallèle. J'opte alors pour un petit livre facile, le genre de bonbon à faire fondre sous la langue ou à lire aux toilettes (mais pas en même temps).
J'avais acheté ce "Pourquoi les hommes ont des tétons ?" car il était décrit comme était l'association d'un écrivain et d'un urgentiste ayant créé un livre de "science pour rire" dans la veine du "tout ce que vous n'avez jamais osé poser comme question à votre médecin".
Il faut dire que je suis assez intéressé par la science depuis toujours. Mais n'ayant pas toujours les moyens de mes ambitions, je suis obligé de me rabattre sur des ouvrages de vulgarisation. Une alternative m'a été offerte par l'excellentissime Edouard Launet, ingénieur de formation, journaliste scientifique et désormais reporter au journal Libération, ce qui lui offre déjà l'avantage de rassembler Goldberg et Leyner en un seul ...
J'ai lu Au fond du labo à gauche, recueil sérieux de sérieuses expériences menées par de sérieux scientifiques mais sur des sujets totalement dérisoires : un régal !
J'ai également aimé l'équivalent Sexe machin, dédié aux études bizarres sur le sexe. Je n'ai pas lu Viande froide cornichon pour la simple et bonne raison que j'avais déjà dévoré son contenu pendant un été entier dans Libé (très honnêtement, Libé l'été est assez light et le cahier été ne me convainc pas toujours ... mais les archives anatomo-pathologiques de Launet était ma principale raison d'achat et la première chose que je lisais. L'article sur la mort par strangulation par tracto-pelle lors d'une séance masturbatoire reste un grand moment et une anecdote toujours très efficace.
En lisant les livres de Launet, j'ai vraiment ressenti un grand plaisir, l'impression que tout cela coulait tout seul, que c'était assez "facile". C'est en lisant le torchon de Goldberg & Leyner que je me rend compte à quel point Launet est fort ... en effet, il arrive à livrer de vrais articles scientifiques où l'on apprend de vraies choses (une vraie vulgarisation et synthétique en plus !), appliquer à cela à du dérisoire, du sexuel ou du scato (bref, de l'humain) mais sans jamais tomber dans le vulgaire, ajouter une touche de distance, d'ironie, de sarcastique voir un poil de cynisme tout en restant bienveillant et sobre.
Et bien, en gros, nos deux auteurs américains font l'inverse : on n'apprend rien, on verse dans la pure vulgarité scato et on subit de l'humour de bas étage tous les 3 pages. Une vraie purge. Vous cherchiez un domaine où un frenchy vaut bien plus que deux américains ? Vous l'avez !
Evitez à tout prix ce livre et les autres qu'ils ont commis (oui leur éditeur les a resignés ... il y a du avoir d'autres abrutis comme moi pour acheter ...). Et lisez Launet !

NQuint - Charbonnieres les Bains - 51 ans - 3 janvier 2010