Madame Vigée Le Brun
de Françoise Pitt-Rivers

critiqué par Renardeau, le 18 décembre 2001
(Louvain-la-Neuve - 66 ans)


La note:  étoiles
L'expression de la douceur de vivre
Dans la douceur de vivre du temps des lumières, l'art avait une place de choix. Elisabeth Vigée a exalté la beauté et la fraîcheur d'une aristocratie insouciante, dans sa peinture essentiellement vouée aux portraits. Elle fut la portraitiste attitrée de Marie-Antoinette.
Révélé très jeune, son talent émerveilla son père, Louis Vigée,
peintre lui-même, qui lui permit d'assister aux soupers où se retrouvaient artistes et gens de lettres, ses amis. Dès ses quinze ans, la jeune artiste est comblée de commandes et découvre la haute noblesse, avant d'être introduite auprès de la reine Marie-Antoinette. Elle a peint une trentaine de portraits de la reine. L'artiste possède le don de saisir la ressemblance tout en gommant les défauts. Elle sait lire dans l'âme et en peindre le reflet sur la toile.
Cependant, lorsque la Révolution éclate, l'impopularité royale rejaillit sur l'artiste. Prise de panique, elle fuit la France en emmenant sa petite fille, Julie, et se réfugie d'abord en Italie. Elle réalise le voyage initiatique des peintres, le fameux "grand tour", Florence, Rome, Naples, ... où elle est reçue par l'aristocratie européenne qui ne tarde pas à supplier d'être immortalisée par son pinceau. Après l'Italie, ce sera Vienne, Saint-Petersbourg, l'Angleterre, la Suisse, où elle rencontre toujours le même succès, dû à son immense talent et à l'admiration générale des cours européennes pour le goût français et la langue française que la plupart de ses membres aimaient et pratiquaient avec raffinement.
Elisabeth Vigée-Lebrun a laissé des portraits émouvants d'hommes, de femmes et d'enfants, parmi lesquels de très beaux autoportraits, comme celui de 1786, qu'on peut admirer au Louvre, où elle se représente avec sa fille, dans toute la douceur de sa maternité et tout le génie de son art.
Il est doux de lire ce livre qui exalte la beauté et le raffinement par opposition au monde qui est le nôtre aujourd'hui. Sa lecture donne envie de remettre un peu de couleurs et d'art de vivre dans nos existences. Le XVIIIème siècle aurait-il encore des choses à nous apprendre ?
En fouillant un peu, même beaucoup 6 étoiles

Aux premiers abord cette biographie de Madame Vigée le Brun est menée de façon excellente.
Mais ayant lu l'autobiographie de Madame Vigée le Brun et en étudiant bien les façons différentes de raconter un même évènement, on peut se rendre compte que Françoise Pitt Rivers ironise beaucoup la peur que ressent madame Vigée le Brun face à la Révolte grandissante des prolétaires. Elle lie même cette peur à des caprices d'enfant en la comparant aux peurs enfantines que la peintre avait, ce qui la rend ridicule.
L'auteur s'attarde même de façon insistante sur les richesses de madame Vigée le Brun au lieu de se focaliser sur des moments clées de l'histoire dans certains passages.
En réfléchissant un peu on pourrait croire que Françoise Pitt Rivers dépeint Madame Vigée le Brun comme une petite bourgeoise apeurée par une petite rébellion. Alors qu'après la lecture de l'autobiographie de madame Vigée le Brun on pense tout à fait le contraire, et de façon légitime.

Hanazade - marseille - 35 ans - 18 avril 2005