La danseuse de Mao
de Qiu Xiaolong

critiqué par Débézed, le 3 août 2009
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Le Dernier Empereur
A travers cette enquête de l’inspecteur principal Chen, Qiu habille Mao pour un bon bout de postérité. En effet, si le roman raconte comment ce brave inspecteur est chargé d’une enquête ultra-secrète sur les agissements d’une belle mystérieusement enrichie, la vraie histoire semble bien se dérouler dans la vraie vie. La belle qui n’est autre que la petite-fille d’une star du cinéma des années cinquante qui eut le privilège de danser avec Mao avant de connaître les affres de la Révolution Culturelle et d’en mourir, comme sa fille, la mère de la belle, laissant l’enfant totalement démunie.

Tout au long de sa quête, Chen, l’inspecteur poète, va essayer de faire revivre la Chine ancestrale avec sa littérature, sa poésie surtout, sa peinture et sa gastronomie pour essayer de comprendre son enquête qui trempe ses racines dans la Révolution Culturelle et dénoncer cette Chine nouvelle et moderne mais aussi perverse et superficielle où les Gros-Sous ont remplacé les cadres du parti mais où les privilèges et les inégalités sociales sont encore plus criants.

Pour l’auteur, le roman devient alors prétexte à dénoncer la Révolution Culturelle et ses abus et surtout ceux qui l’on commanditée et qui ne sont pas forcément ceux que l’on a désignés. Qiu livre sa vérité en dressant un portrait d’un Mao coureur de jupon sans scrupules éliminant tous ceux qui entravent sa marche et son plaisir. Une forme de règlement de comptes quand on sait que la famille de Qiu a, elle aussi, souffert des menées de la Révolution Culturelle et qu’il a choisi de rester aux Etats Unis après les événements de la place Tian’anmen.

Ayant ainsi réglé son compte avec Mao, le Dernier Empereur, Qiu se laisse imprégner d’une certaine nostalgie de la Chine d’avant, quand l’argent n’avait pas encore envahi les rues de Shanghai et que les élèves respectaient les maîtres, pour entreprendre une forme de quête de ses origines personnelles. Une quête derrière l’enquête.
Au final, un livre riche, certes un peu lent mais ce n’est peut-être qu’un hommage à la littérature chinoise d’avant, truffé de citations, envahi diront certains, et où l’auteur manie la parabole et l’hyperbole, l’image et la métaphore avec l’adresse d’un vieux mandarin et sans modération.

Et pour finir, un bon point pour Qiu qui ne dispense que le minimum de violence pour résoudre son enquête comme pour narguer la police chinoise actuelle peu avare des effets de bras et même souvent d’un peu plus.
le dernier empereur 10 étoiles

L’inspecteur principal Chen Cao, de la police de Shanghai, est investi d’une mission, dont il ne connait pas les tenants et les aboutissants tant elle doit rester secrète. Le sujet est sensible : il s’agit de récupérer en toute discrétion des documents (ou des objets) compromettants peut-être en possession de la petite fille de la dernière maitresse de Mao Zedong. Chan ne sait pas exactement ce que l’on cherche, et pourquoi, mais fidèle à son instinct de fin limier il va en faire une affaire personnelle et n’hésitera pas à mettre son nez là où on ne l’attend pas. Pour approcher la donzelle, il va devoir se faire tout petit, et faire oublier sa condition de policier pour mettre en avant ses innombrables autres qualités, en particulier ses talents de poète. Comme dans les autres volumes de la série, on va de surprise en surprise, à la découverte de la face cachée de cette Chine nouvelle qui fascine autant qu’elle inquiète. On revit une époque mouvementée aux accents guerriers, celle de la "Révolution Culturelle", sous l’égide d’un "Grand Timonier" qui en prend sacrément pour son grade, tant sa vie privée était aux antipodes de son image de combattant révolutionnaire…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 75 ans - 14 avril 2018