Je viens de terminer la lecture du livre de Carine Geerts. L'histoire de Mundélé ( il s'agit en fait du narrateur Willy Thijs, un homme "blanc" ) est émouvante et passionnante. Dès le départ, le décor est planté. De plus, l'emploi du présent, de phrases courtes et d'un style simple et direct confèrent au récit un souffle particulier. De quoi s'agit-il?
Willy est envoyé en mission, du Royaume de Belgique vers le Congo pour aider des populations indigènes complètement démunies devant les maladies terribles comme la malaria ou d'autres épidémies qui causent des ravages au sein des tribus congolaises. Depuis son débarquement à Matadi jusqu'au coeur de la brousse, le lecteur peut ainsi suivre pas à pas l'itinéraire de notre héros confronté à de nombreuses difficultés. En effet, la vie dans un pays rempli de forêts et d'animaux dangereux n'est pas aisée. Surtout quand la chaleur et les pluies tropicales fréquentes au Congo rendent l'atmosphère étouffante. Malgré cela, Willy accomplira sa mission et se rendra même chez les pygmées Babingas, réputés sauvages et inaccessibles à la civilisation occidentale. Au milieu d'une nature sauvage et en même temps attirante, dans un monde de beauté et de cruauté, il saura s'attirer l'amitié des pygmées Babingas et même l'amour de Aimée Bizi Bazouma, la fille du chef Joseph Banza Mukalay. Elle saura l'initier au rite de ses ancêtres, à l'Esprit d'Edjengui et aux mystères de l'Au-delà. Il s'ensuivra une passion dévorante entre les deux jeunes gens. Un Amour irrésistible les amènera à goûter aux plaisirs mystiques et plein de sensualité, d'une liaison que rien ne paraissait en mesure de briser.
Malheureusement, les préjugés raciaux (comment une noire pourrait-elle aimer un blanc?) et l'intrusion du Père Kloos conduira au drame. L'épilogue est poignant et bouleversant. Aimée sera tuée par des policiers belges du district de Matadi, lors de leur intervention brutale contre les pygmées. Willy sera emprisonné et méprisé par ses "compatriotes" à cause de son amour pour Aimée. Jugé par une justice expéditive, il sera expulsé vers la Belgique. Avec au coeur un chagrin immense et un désespoir que rien ne saura atténuer.
En tout cas, c'est une très belle histoire qui nous montre aussi l'envers du décor des civilisations dites évoluées, avec leur racisme ouvert, leur mépris des "indigènes", et leur ignorance des coutumes et traditions solidement ancrées au sein des diverses sociétés africaines.
Même si les personnages sont fictifs comme le précise l'auteure, on sent tout le long de la narration que le Congo, lui, est bien réel. Ce qui ne lui enlève en rien de sa beauté, grâce au talent de l'écrivain.
Ishtar - - 60 ans - 13 septembre 2009 |