Antimanuel de littérature
de François Bégaudeau

critiqué par CC.RIDER, le 29 juillet 2009
( - 66 ans)


La note:  étoiles
De l'anti-littérature sans manuel
Autrefois, les potaches devaient peiner sur des manuels de littérature, tels que le célébrissime « Lagarde et Michard », ouvrages composés d’une présentation succincte des auteurs accompagnée de quelques pages choisies de leurs œuvres, le tout présenté dans le cadre de grandes périodes historiques ou de grands mouvements intellectuels. L’auteur, ex-prof de français en « zone sensible » semble avoir voulu renouveler le genre, considérant sans doute que cet outil était devenu peu adapté aux capacités de ses élèves capables de littérature (tout le monde pouvant être « écrivain ») mais par d’autres moyens râpeux ou slammeux.
En réalité que trouve-t-on dans cet antimanuel ? La même chose : une présentation succincte d’auteurs (vu à travers le prisme déformant du gauchisme hargneux) et quelques pages choisies sous des critères très personnels. Et une énorme différence : autant Lagarde et Michard cherchaient à obtenir un maximum d’objectivité et d’exhaustivité dans leur travail, autant Bégaudeau se veut totalement subjectif et subversif et ne s’intéresse qu’à ses préférences personnelles : Genet, Sarraute, Duras, Sartre et Beauvoir, etc... Un conformisme gauchiste ringard à pleurer. Et se permet d’oublier, de traiter par-dessus la jambe ou d’ignorer si ce n’est d’insulter ceux qu’il n’apprécie pas : Céline, Vian, Kafka ou les « hussards » (Nimier, Morand et autres) qu’il qualifie de « Bande d’écrivains de droite des années cinquante-soixante. Jamais lus, pas que ça à faire. Sectaire et je vous emmerde. »
Bouquin sans intérêt, inutile voire détestable dans lequel un personnage veule, ironique, sarcastique et méprisant (ce qui perçait déjà en filigrane dans son film « Entre les murs ») se permet, profitant de sa notoriété médiatique, d’asséner approximations et idioties (il est persuadé que la littérature n’a pas d’avenir et qu’on pourrait parfaitement se passer d’elle…), d’étaler son inculture et de distiller sa propagande « déconstructionniste ». Finalement ce n’est pas une si mauvaise chose qu’il ait quitté les rangs du corps enseignant.
1/5