Sissi : Les forces du destin
de Hortense Dufour

critiqué par Nance, le 26 juillet 2009
( - - ans)


La note:  étoiles
Une Sissi anti-Schneider
Ce qui m’a surpris le plus de cette biographie, c’est de voir à quel point l’histoire est éloignée des films avec Romy Schneider. Sissi, la rebelle, épouse celui qui était destiné à sa soeur aînée, Néné/Hélène. Elle sera impératrice d’Autriche... mais c’est tellement différent de ce que je croyais!

Par exemple, j’ai toujours pensé que lorsque Sissi va en Autriche pour les fiançailles de sa soeur, qu’elle avait croisé l’empereur par hasard, en bondissant dans les prés (ou presque)... tandis que dans les faits, elle l’aurait rencontré lors d’une rencontre officielle, habillée en deuil.

« Cet été-là, le rendez-vous n'est pas celui des chasseurs: il s'agit de fiançailles. La chaleur est accablante. Il est quinze heures, la berline de la duchesse roule lourdement. Ludowika et ses filles ne sont pas belles, ce jour-là. Elles ont là migraine et sont vêtues de noir, à la suite du deuil récent d'une vieille parente. [...]
Elle tente de se rassurer. Les malles finiront bien par arriver et Hélène redeviendra ce qu'elle en attend. Une impériale et parfaite beauté, dans la soie et la dentelle. Pourquoi, se demande Sophie, Sissi est-elle, même mal habillée, si jolie ? Elle parle avec humeur.
- Cessons de faire attendre l'empereur, ses frères, notre soeur de Prusse.
Sophie aime moins cette grande fille en noir, Hélène en Bavière, à la triste mine. On se retrouve dans le salon gris. Les fenêtres sont ouvertes. Sissi n'est plus à l'aise du tout. Trop de monde, austère et cérémonieux. Le parfum du chocolat, du thé de Chine, des pâtisseries viennoises flotte dans l'air. La porcelaine et les couverts étincellent. Et soudain, arrive une foudre, un jeune dieu inconnu, une suave déchirure. Un soleil inconnu enflamme les cristaux, marque une frontière d'ombres du côté des personnages et leur brouhaha de messe. Le temps se fige et les isole, lui et elle, Élisabeth en Bavière et l'empereur d'Autriche. Tout est banal. Tout devint transfiguré; cristallisé. »

Bon, c’est romancé dans l’écriture, mais je crois que l’auteur a fait du bon travail, c’est bien documenté. Tout est expliqué en détail, alors on n’est pas obligé d’être calé en histoire pour suivre le récit. On en apprend beaucoup sur l’époque, sur Sissi évidemment, mais aussi sur les déboires de sa famille.

« Une autre goule dévore le crâne de ces Wittelsbach : la migraine. Sissi, sa mère, ses soeurs, ses tantes souffraient de la migraine. Un mal méprisé ; un mal de femmes, aussi indécent et banal que leurs fatidiques maux de ventre. Les princes de ces familles n'osaient avouer qu'ils souffraient aussi de la migraine, Certains quêtent le soulagement dans l'opium, la cocaïne. Les autres se taisent, stoïques; sous le bicorne. »

J’aime ce livre, Sissi est vraie, je le conseille à tous ceux qui veulent plus en savoir sur cette célèbre impératrice qui, après moult péripéties, périra sous le poignard d’un anarchiste.