Secrète présence
de Colette Nys-Mazure

critiqué par VLEROY, le 25 juillet 2009
( - 45 ans)


La note:  étoiles
Quelle présence devons-nous offrir à nos proches?
Après "Célébration du quotidien", l'écrivain belge Colette Nys-Mazure s'interroge sur quelle présence nous pouvons offrir à nos proches : ni trop près, ni trop loin, sans l'imposer ou réclamer des comptes. Elle revient sur son enfance marquée par le décès de ses parents et témoigne : "Je redoutais les adultes - souvent les parents de compagnes de classe ou des amis de la famille - qui me figeaient dans ma situation d'orpheline et me couvaient de regards compatissants. Envie de secouer cette chape de pitié et de courir rejoindre les insouciants dans la cour, sur la plage. Etre comme tout le monde. Ne pas me sentir marquée. Oui, il s'agit de ne pas entretenir le goût du malheur, mais de délivrer les sources, d'accompagner le chant profond de la vie toujours la plus forte".

Epouse, maman de cinq enfants et plusieurs fois grand-mère, Colette évoque les amis qu'on laisse en chemin, son amour de la famille ("Orpheline à sept ans, j'ai reçu de celle dont je suis issue amour et secours pour croître comme les autres. J'ai littéralement vécu de cette solidarité, j'y ai puisé des forces pour l'existence"), les difficultés à laisser ses enfants vivre leur propre vie ("Sans doute sommes-nous plus soucieux de donner des racines à nos enfants que de leur ouvrir les ailes"), le besoin d'un jardin secret pour tous, la vie de couple, la retraite, la place de la femme dans notre société, la vieillesse ("Dans les maisons pudiquement appelées de repos, certains ne reçoivent plus jamais un baiser et meurent de faim du coeur") et la mort.

J'apprécie beaucoup l'optimisme, la sagesse et l'humanisme de Colette qui nous donne des "leçons de vie", et nous fait profiter de son expérience et de ses erreurs. Ses conseils et remarques me font penser et m'interroger sur ma propre vie ou celle de mes proches. Cette phrase de Colette résume bien son livre : "Trouver sa place, la garder sans croire qu'on la perd lorsque le cercle familial, amical ou professionnel s'élargit ou se modifie, l'histoire de toute une vie, non?". Par ailleurs, n'oublions pas de signaler que ce livre est très bien écrit.

Enfin, Colette conclut son ouvrage par cette citation de Rilke : "Si ta vie quotidienne te paraît pauvre, ne l'accuse pas, accuse-toi plutôt. Dis-toi que tu n'es pas assez poète pour en convoquer les richesses".