L'encre du passé de Antoine Bauza (Scénario), Maël (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire

Critiqué par BMR & MAM, le 20 juillet 2009 (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 63 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 199ème position).
Visites : 7 527 

Estampes japonaises

On avait découvert le dessinateur Maël avec Les rêves de Milton.
Voici de nouveau cet artiste peintre dans une japonaiserie écrite par Antoine Bauza : L'encre du passé.
Dans les Rêves de Milton, les aquarelles de Maël formaient une alliance subtile avec les éléments liquides qui imprégnaient le scénario : pluies et larmes, boues et débâcle des États-Unis après la crise de 29.
Avec les estampes japonaises de l'Encre du passé, l'alchimie est encore plus évidente mais tout aussi réussie. Les paysages humides des montagnes et les transparences des paravents trouvent ici sous le pinceau de Maël, une profondeur inégalée.
Côté scénario, bravo à Bauza pour avoir su construire sur un seul album (chose rare aujourd'hui avec la mode des séries à répétitions) une histoire profonde et intimiste : un maître es calligraphie, au passé tourmenté, s'entiche d'une petite sauvageonne chez qui il a su détecter la maîtrise du pinceau. La fillette l'accompagne jusqu'à la capitale, Edo l'ancienne Tokyo, où il la remettra entre les mains d'un maître es peintures.
Quinze ans plus tard, la jeune femme se retrouve en mal d'inspiration et son vieux maître es peintures se meurt : elle repart à la recherche du calligraphe de ses débuts.
Tout cela est mené au rythme lent de la marche dans les montagnes, au rythme lent de l'apprentissage du difficile art d'écrire ou de peindre, un éternel recommencement.
Dans cette zénitude s'accomplissent scénario de Bauza et dessin de Maël au point que certaines planches se passent même de tout texte ou dialogue.
Les caractères fouillés des personnages et les expressions travaillées de leurs visages se répondent.
Un des plus beaux albums de l'année.
Le dossier de Dupuis comporte une dizaine de pages de l'album.

Message de la modération : Prix CL 2012 catégorie Bande Dessinée

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Les éditions

  • L'encre du passé [Texte imprimé] Mael, Bauza calligraphies, Pascal Krieger
    de Maël, (Illustrateur) Krieger, Pascal (Illustrateur) Bauza, Antoine (Scénariste)
    Dupuis / Aire libre (Bruxelles)
    ISBN : 9782800143804 ; 16,50 € ; 05/06/2009 ; 80 p. ; Broché
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Les livres liés

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Zen

9 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 54 ans) - 16 juillet 2012

Le sujet m’attirait peu, mais j’avoue que j’ai été aspiré par cette jolie histoire. Le scénario est d’une belle simplicité, comme le dessin. Et, il y’a dans ce dépouillement quelque chose de pur et de terriblement riche puisque la vie des gens, axée sur la vocation, a un sens.

La figure de l'artiste dans le Japon d'Edo

7 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 31 janvier 2012

Atsuko travaille chez des teinturiers exigeants et fait preuve d'un certain talent dans le choix des pigmentations. Elle est une artiste en devenir et peint sur divers supports à ses heures perdues. Môhitsu, grand calligraphe, prendra la jeune fille sous son aile afin de la présenter à un artiste qui saura la former et lui permettre de vivre de ses aspirations.

Cette bande dessinée est lente et permet au lecteur de s'imprégner de cet univers asiatique. Le temps et la nature sont des thèmes importants dans cette oeuvre. On suit l'évolution de ces personnages au rythme des saisons. La nature y est source d'inspiration et reflète souvent les émotions des personnages principaux. Sur le plan esthétique, l'on a parfois le sentiment d'observer des paravents asiatiques, de belles estampes et des travaux de calligraphie. Le thème même de la BD se reflète dans les choix du dessinateur et dans les couleurs choisies.

C'est avec plaisir que je me suis laissé porter par ce Japon d'Edo dont l'histoire simple questionne sur l'inspiration et sur la transmission des savoirs. Il est beau de voir certaines valeurs perdurer au travers la relation maître/disciple.

Reposant

9 étoiles

Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 59 ans) - 25 janvier 2012

De beaux dessins nous illustrent l'initiation à la calligraphie d'une petite fille.
Cette lecture est reposante, elle se déroule lentement comme un sablier, mise en évidence de principes oubliés à notre époque et surtout pas de violence.
Les coloris choisis sont eux aussi très doux.
Un livre à déguster sans modération...

Tout en douceur et subtilité

8 étoiles

Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 8 janvier 2012

« Les lacets et les sommets se succèdent... et à chaque fois, tu t’efforces de croire... que le dernier est enfin arrivé... mais il y a toujours derrière, une autre colline, puis une autre, et une autre encore... et c’est ainsi qu’on avance, l’esprit tournée vers la colline suivante, sans certitude. »

Dans le Japon du passé, un calligraphe errant rencontre une jeune fille ayant un don pour la peinture. Il lui propose de devenir l’apprentie d’un de ses amis de la ville d’Edo (Tokyo).

Une bande dessinée tout en douceur, hésitation et beauté. Beaux textes, beaux dessins, tout est subtil, ce n’est ni cliché et prévisible. Les personnages sont attachants, nuancés, bien que peu approfondis (mais on peut deviner). Un très bel album que j’ai découvert par le prix CL, ça m’a réconcilié avec Maël (Dans la colonie pénitentiaire).

Du grand art !!!

10 étoiles

Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 67 ans) - 6 novembre 2011

Que voici une bien belle histoire qui se déroule au Japon, un Japon ancien et lointain dont on oublie très rapidement tous les détails historiques tant le cœur du récit est hors du temps, hors de l’espace, au cœur de l’humain.

De quoi parle-t-on dans cet album ? De la transmission d’un art, d’un savoir, d’un art de vivre, du maître à l’élève, du sage au disciple, du lien entre celui qui sait et celui qui veut apprendre, de la relation, aussi, qui se transforme en amitié, un sentiment qui a perdu beaucoup de place dans nos sociétés modernes où les amis se comptent en centaines sur des pages de réseaux sociaux…

La première remarque à faire pour le futur lecteur est qu’ici le rythme celui de la vie, celui du sable qui descend dans son sablier. Pas de courses effrénées, de confrontations violentes ou grandes bagarres. D’ailleurs, le seul moment où deux protagonistes sont sur le point de s’affronter au sabre, il suffit d’un homme pour écrire quelques mots sur le sol pour dissuader les samouraïs de s’entretuer… La médiation du sage est moins spectaculaire que le combat des Gaulois contre les Romains mais combien plus humaine !

Tout commence avec une charmante petite fille, Atsuko, qui travaille chez les teinturiers. Elle profite de tous ses instants, de tous les pigments, pour dessiner, peindre. Un peu partout dans la maison on trouve ses œuvres comme autant de signatures, sur les paravents, sur les murs…
Mais elle est condamnée à rester dans l’ignorance de l’art, dans l’anonymat, car elle n’est que la petite Atsuko qui travaille chez les teinturiers !

Arrive, un jour, le maître calligraphe, Môhitsu, qui est séduit par les dessins de la jeune fille. Il lui propose de le suivre à Edo pour aller rejoindre un maître en peinture qui pourrait tout lui apprendre.

« Je pense que tu pourrais devenir peintre avec du travail »
« Vous… vous le pensez vraiment ? »
« Tu as beaucoup à apprendre, bien sûr, mais tu es jeune, et tu sembles douée… »

Commence alors l’initiation qui n’est pas un chemin tranquille comme nous nous en doutons bien… Atsuko va, ainsi, devenir adulte, devenir femme, devenir artiste… et elle devra assumer l’avenir le jour où son maître va disparaître de cette terre… et rien ne dit, alors, qu’elle ne sera pas obligée de passer encore une phase initiatique, une nouvelle étape d’apprentissage comme si la vie était un perpétuel espace de mutation, de changement, de maturation…

La narration graphique est un chef d’œuvre portée qu’elle est par le dessin de Maël et ses couleurs directes. Dire que c’est beau est assez minimaliste par rapport à l’émotion qui se dégage de chaque planche mais j’espère que cela vous poussera à ouvrir cet album décidément pas comme les autres…

Cette fiction en bande dessinée, que certains ont nommée road-movie japonais – mais je regrette le mot anglo-saxon pour cette plongée dans le passé et l’histoire du Japon –, a obtenu le prix œcuménique de la bande dessinée en 2010 à Angoulême et j’étais présent à la remise du prix…

A lire et faire lire !

Haiku et compagnie

9 étoiles

Critique de Hervé28 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 54 ans) - 4 septembre 2011

Quelle belle maîtrise du scénario et du dessin dans cette bande dessinée.
Les dessins de Maël, auteur que j'ai découvert avec" Les Rêves de Milton" et avec" Notre Mère la Guerre" qui avaient, je crois, atteint des sommets, sont tout aussi sublimes ici.
Passionné d'Haiku, je suis resté sensible à l'ambiance qui se dégage de cette histoire, et j'ai découvert l'art de la calligraphie sous un jour nouveau.
Un excellent one shot, une histoire touchante qui m'a fait passer un très agréable moment.

Lisez-le.

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