Je ne mangerai plus de cerises en hiver... de Alain Juppé

Je ne mangerai plus de cerises en hiver... de Alain Juppé

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Fabrice ROUDERIES, le 9 juin 2009 (Inscrit le 9 juin 2009, 49 ans)
La note : 4 étoiles
Visites : 3 108 

Un livre-confessions

Cela n'est un secret pour personne, j'apprécie l'homme depuis mon mandat de conseiller municipal à Bordeaux. J'aime son action qui a permis de relever une ville exceptionnelle laissée trop longtemps aux mains d'un Chabanisme d'habitude.
Cela étant, j'ai pris du recul avec mes affinités politiques personnelles pour traiter la critique du dernier livre d'Alain JUPPE.
Sur la forme, le style d'écriture est clair, direct; les phrases concises… mais on n'en attendait pas moins de l'ancien Premier Ministre qualifié en son temps de "meilleur d'entre nous".
Sur le fond, ça se complique.
Tout d'abord JUPPE s'est, à mon avis, déjà essayé dans cet exercice qui consiste à émotionnaliser la politique; notamment dans ses ouvrages précédents "la tentation de Venise" et "Entre-nous". Quel intérêt y avait-il à en rajouter une couche supplémentaire ?
Bien sûr qu'un homme politique a des émotions, une vie privée, des déceptions et des regrets mais on tombe, avec ce livre, dans le sentimentalisme poussé à l'extrême.
On attend d'abord d'un homme politique de premier plan qu'il nous exprime une vision politique. Pour cela, il m'a quand même fallu attendre le 4ème chapitre.
Le titre du premier chapitre (prélude amoureux) est révélateur de cet exhibitionnisme amoureux, de cette "peoplisation" sans intérêt de la politique, d'ailleurs dénoncée à un moment dans le livre… on n'est pas à une contradiction près !
Dans le second chapitre, Alain JUPPE revient sur son "enfer de Matignon". Il justifie habilement sa politique (CIE; hausse de TVA; diminution des charges sociales sur les bas salaires; hausse du SMIC; réduction des déficits; Zones Franches Urbaines; réforme SNCF…) mais ne reconnaît qu'à demi-mots ses bévues… la majoration de l'I.S.F et surtout la maîtrise purement comptable des dépenses de santé (pénalités financières à l'appui à l'encontre des médecins).
On a droit aussi à quelques tacles sur Fillon, Sarkozy et surtout Madelin dont " l'aptitude à prendre les bonnes décisions" ne l'avait "pas ébloui" ; ou il révèle aussi qu'après l'avoir viré du gouvernement "il eût une paix royale".
Le chapitre suivant (l'humiliation) est essentiellement consacré au procès et à l'affaire qui lui a valu un exil outre-atlantique. On y apprend ce que l'on sait déjà, que la bêtise humaine s'acharne sur l'homme politique, le réduisant au rang de délinquant voire, de criminel. Certains "zélateurs" socialistes de la vertu comme MONTEBOURG ou JOSPIN se sont d'ailleurs odieusement déchaînés à l'époque.
Un reproche quand même; pourquoi reconnaître que BAYROU ne faisait avancer aucun dossier au Ministère de l'éducation et avoir eu la faiblesse de le garder ? Cela reste pour moi un mystère.
Surtout qu'il a appris, au regard du comportement du président du Modem aujourd'hui, un adage que je fais mien : "Il faut toujours achever un adversaire politique quand il est à terre".
Le chapitre 5 présente ses relations avec CHIRAC… en qui il garde obstinément "toute sa confiance" même si il sait que l'ancien Président a usé … et sans doute abusé de lui.
Le dernier chapitre offre une vision politique plus marquée sur divers sujets politiques d'actualités comme la crise, le développement durable, l'emploi… mais c'était trop tard.
En effet, à trop laisser de place au secondaire dans son livre l'essentiel a été réduit à la portion congrue.
Pour conclure sur un sentiment purement personnel, j'ai comme l'impression qu'il y a du 2012 dans l'air … l'avenir nous le dira !
Fabrice ROUDERIES

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