Abus de pouvoir
de François Bayrou

critiqué par Bernard2, le 4 juin 2009
(DAX - 75 ans)


La note:  étoiles
Un livre essentiel
En un peu plus de cent pages, François BAYROU se livre à un réquisitoire implacable contre le président actuel. On peut apprécier ou non, mais force est de constater que tout est argumenté, démontré, et fait prendre conscience de l’extrême gravité de ce qui est en train de se dérouler sous nos yeux, et où tout cela va conduire la France.

Le pouvoir est dans les mains d’un seul homme, dont l’égocentrisme est maladif. Tout est verrouillé. Seul compte l’argent d’une caste ultra-privilégiée qui doit absolument engranger encore plus, évidemment au détriment de tous les autres, c’est-à-dire de l’immense majorité des citoyens. L’envie du luxe (du bling-bling) doit être ostentatoire, provocatrice, insolente.

Plutôt qu’un président « hyperactif », on voit ici quelqu’un qui s’agite, tranche par instinct, en ne réfléchissant pas suffisamment, en n’analysant pas, en ne connaissant même pas les sujets dont il parle. On note aussi combien il a admiré George Bush, ne laissant aucun doute sur ce qu’aurait fait la France au moment de l’intervention au Moyen-Orient, action contre laquelle Chirac avait opposé un refus catégorique.

Au nom de cette « égocratie », tout est permis, en bafouant même les lois (affaire Pérol, remarquablement expliquée), affaire Tapie (avec une interrogation, terrible). Le citoyen n’est plus respecté dans ses choix (Europe). Son Histoire (avec un grand H), sa culture sont piétinées (OTAN, conséquence du regret que la France n’ait pas suivi les Etats-Unis dans la guerre). Les ministres, les députés, sont réduits à l’asservissement. Les promotions (copinage) et les sanctions (vengeances) sont le « fait du prince ». La presse est tenue (ce qui est en réalité faux, Internet prend le relais des journaux écrits, parlés ou télévisés, ce que semble-t-il le président n’a pas encore compris, ce qui se retournera contre lui).

Un cuisant échec est au bout. C’est une certitude. Mais cette chute inévitable laissera le pays dans un état de délabrement tel qu’il faudra plus d’une génération pour s’en remettre. Le vrai drame est là.

Ce livre est essentiel. Il n’est pas politique, il est réaliste. Les idées politiques peuvent aveugler. Mais tôt ou tard (hélas sans doute trop tard), il faudra ouvrir les yeux.

À noter : les dernières pages (sur Alain Minc), de peu d’intérêt, et même mal venues. Les incohérences de cet homme (prisé du pouvoir !) sont tellement flagrantes qu’il aurait mieux valu n’en rien dire.

Voici quelques phrases, significatives, tirées du livre :
- « Oh, ce n'est pas la dictature franche que nous avons en face de nous. Non, c'est seulement la privation de notre capacité de citoyens. C'est seulement des gens qui décident à notre place sans que nous ayons la moindre idée de ce qu'ils décident, des connivences qui les unissent et des intérêts qu'ils défendent.
C'est cela qui appelle la résistance des citoyens. »
- « ….. totalement habité par la frénésie d'en faire toujours plus. ... Je pensais que cette frénésie trouverait un jour son terme, en même temps que la maturité viendrait à ce garçon. Visiblement, je me trompais. »
- « Si j'ai une conviction à propos de la fonction présidentielle, c'est qu'un peuple comme le nôtre, avec son histoire, avec sa profondeur, n'a surtout pas besoin de quelqu'un qui se croie un surhomme, et veuille faire croire aux autres qu'il en serait un.
- « Une société égalitaire, c'est le contraire d'une société de liberté et de responsabilité. » . Phrase prononcée par Nicolas Sarkozy, à St Quentin, fin mars 2009.