L’idée au cœur de cet ouvrage est que nous sommes mal préparés à reconnaître et gérer le hasard, cherchant souvent à trouver des explications dans certains phénomènes dont le ressort interne est essentiellement aléatoire. Ce biais s’exerce aussi bien au niveau des destins personnels (réussite ou échec) que des événements collectifs (bourse, guerre…).
Le livre pourrait être passionnant et instructif :
1) si il contenait plus de faits et d’analyses sur les cas de mauvaise application ou d’ignorance du hasard dans la société moderne, notamment hors de la sphère financière et boursière. N Taleb fait souvent référence à des expériences ou études sans les décrire ce qui est peu instructif. Il manque à cet ouvrage le côté concret et imagé qui fait la force de ce type de livres aux US.
2) si N Taleb nous infligeait moins ses états d’âme (le lecteur n’est pas intéressé par l’auto-justification de ses choix personnels et professionnels) et montrait moins d’animosité, d’aigreur et de mépris vis à vis des traders ses semblables, des titulaires de MBA ou vis à vis des journalistes. Le fait qu’il pense avoir compris et réussi à maîtriser le hasard ne l’autorise pas à être insultant et condescendant.
Dans sa préface, N Taleb balaie toute critique en partant du principe que ceux qui (comme moi) n’ont pas apprécié le livre sont précisément ceux qu’il dénonce et notamment ceux qui sont convaincus que leur réussite personnelle est le fruit de leurs qualités et non du hasard (je suis donc obligé de préciser que je ne suis pas trader, n’ai pas de MBA et ne suis pas journaliste). Dommage que des problèmes d’égo le conduisent à adopter cette attitude facile qui lui évite toute remise en cause alors qu’il aurait vraiment pu écrire quelque chose de vraiment intéressant sur le sujet ! Seuls méritent peut-être d’être lus les chapitres centraux (9, 10, peut-être 11).
Romur - Viroflay - 51 ans - 5 juillet 2009 |