Éphéméride
de Chantal Dupuy

critiqué par Nevermore2, le 30 avril 2009
( - 64 ans)


La note:  étoiles
Poésie au quotidien
Éphéméride, un titre simple, qui pourrait sembler ordinaire, pour un contenu qui ne l’est pas.
« Rien n’est minuscule ».
Dans cette éphéméride poétique, Chantal Dupuy-Dunier a engrangé au long des jours, au long des pages, un an durant, des poèmes liés à la saison, aux lieux, à ses souvenirs, ses états d’âme. Mais il ne s’agit pas d’un assemblage aléatoire, hétérogène, bien au contraire.
« Le temps, sans doute/cette rayure obstinée de la lumière/sur le disque de la mer,/ce cercle obsédant/où ce qui est désigné par l’ongle sensuel/génère ce qui l’a déjà été. »
Devant nos yeux, se déroule en fait une seule séquence, avec ses « flash back », ses fils rouges comme la lumière persistante du phare d’Alexandrie englouti sous la mer, l’évocation de « la grand-mère des villes » et de « la grand-mère des champs », le retour constant à Encreux, lieu mythique d’écriture imaginé par l’auteur, qui n’est pas sans rappeler le Cronce de Creusement de Cronce (Voix d’encre 2008).
« Le mur du four à pain/a cédé/sous les coups de l’averse./Pierres et terre se mêlent/ aux hautes ombelles/et aux pousses de prunelliers/pour obstruer le sentier/qui conduit au ruisseau./Ainsi les murets,/ainsi les chemins,/ainsi les hommes… »
Chantal Dupuy-Dunier superpose plusieurs couches de temps, les fait coulisser l’une sur l’autre telles des panneaux japonais. Devant nous, le présent glisse vers le proche passé. Une année de vie en direct, dont la construction est maîtrisée comme celle d’un récit romanesque. Ample réflexion poétique sur le temps, le sens de la vie et de l’écriture.
« Que peut la poésie ?/Pour l’impossible,/je persiste. »
Ce livre poignant est le reflet de notre vie, mélange de moments graves et d’autres plus légers, jamais mièvres. L’humour n’en est pas absent.
À lire quotidiennement et à relire, car l’écriture de Chantal Dupuy-Dunier procède de l’envoûtement.