Le roi du macadam
de Charlie Williams

critiqué par Sahkti, le 15 avril 2009
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Le changement, mon ptit gars, le changement...
Royston Blake vient de passer quatre ans dans un centre de soins psychiatriques, mélange de prison et d'asile. Le voilà relâché, guéri ont dit les médecins. Un point qui se discute quand on assiste à ses emportements et ses pensées délirantes. Mais notre homme tombe à point nommé lorsqu'il revient dans sa ville de Mangel, une ville dans laquelle tout a changé et où il ferait bon remettre de l'ordre. Et si c'était justement Blake qui s'y collait? Cela expliquerait pourquoi des gens qui devraient pourtant lui en vouloir à mort après ce qu'il leur a fait dans le passé l'accueillent aujourd'hui à bras ouverts comme un vieux pote jamais délaissé. Tout cela pourrait être très simple si Roy n'avait pas des envies d'apaisement, retrouver sa maison, un boulot et sa petite copine, laquelle vit désormais avec un autre type dans la propriété de Blake.
Qu'à cela ne tienne, Blake va faire le boulot qu'on lui demande, agent de sécurité dans le centre commercial qui a pris la place de son bistrot préféré et liquidateur de la petite vermine qui hante la ville, du travail sur commande. C'est parti pour le grand nettoyage à Mangel!

Drôle et féroce, ce roman dresse un tableau assez sombre et réaliste d'une société en pleine mutation. Nous sommes ici en Angleterre mais cela pourrait s'appliquer à d'autres lieux. Les traditions cèdent peu à peu le pas à la modernité, les supermarchés remplacent les vieux cafés ou les champs de blés, les maisons formatées poussent comme des champignons et c'est la loi du travail qui dirige tout. Pas toujours simple de s'adapter aux nouvelles conditions du marché, comme le démontre Charlie Williams à travers ce personnage étonnant de Royston Blake, pas vraiment attachant, pas antipathique non plus. Un type à l'image des transformations sociétales actuelles, cherchant sa place, gardant un pied dans le passé et hésitant à poser l'autre dans le futur.
Un roman sombre et prenant.