Le septième voile de Juan Manuel de Prada

Le septième voile de Juan Manuel de Prada
( El séptimo velo)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par CptNemo, le 19 mars 2009 (Paris, Inscrit le 18 juin 2001, 50 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 811ème position).
Visites : 5 840 

Une histoire, des personnages, un style : un grand livre

Espagne de nos jours, à l'occasion du décès de sa mère, Julio Ballestero, apprend que l'homme qui l'a élevé n'est pas son père. Celui ci était un français héros de la résistance devenu amnésique à la fin de la guerre et qui disparut mystérieusement peu après son arrivée en Espagne alors que la mère de Julio était enceinte. Julio va enquêter sur ce père et lever les voiles d’ombre qui recouvrent sa vie.

Juan Manuel de Prada est décidément un écrivain très doué. « Le 7 ème voile » est un livre admirable à plus d'un titre et confirme que Prada est un écrivain de l'ombre qui aime écrire sur la face cachée des gens et des événements. Le titre de son premier roman "Les masques du héros" pouvant tout à fait s'appliquer à son dernier roman.

L'intrigue à tiroirs habilement construite est très prenante (Julio enquête sur un père amnésique qui lui même enquête sur son passé) et l'on est rapidement pris dans les tourbillons de l'histoire, la vraie et celle du roman. Il devient rapidement difficile de lâcher le livre. Au programme résistance, trahison, manipulation, mensonge, amour et haine en passant par la France occupée, l'Espagne franquiste et l'Argentine.

Les personnages sont tous très bien dépeints avec des motivations complexes et des faces d'ombre loin, très loin de tout manichéisme et si les héros ont leur face obscure, il est aussi difficile de détester les salaud.

L'auteur aborde avec talent des thèmes classiques pour lui : le mensonge, la trahison, la culpabilité, la frontière floue entre le bien et le mal.

Comme on pouvait s'y attendre avec Prada le style est brillant et on a droit à de nombreuses scènes très marquantes. Il fait toutefois preuve de beaucoup plus de sobriété stylistique que dans "Les masques du héros" et développe un style plus subtil qui sert admirablement son intrigue.

Précisons également que la reconstitution historique est très crédible l'auteur s'étant manifestement beaucoup documenté, sans que jamais cela ne pèse sur l’intrigue.

Une histoire prenante se déroulant dans une période historique fascinante, des personnages complexes, un style flamboyant mais ayant gagné en sobriété, Juan Manuel de Prada confirme avec ce roman tout le bien que l'on peut penser de lui.

L'histoire et la période historique choisie étant nettement plus accrocheur que dans ses romans précédents, "Le 7ème voile" me semble la porte d'entrée idéale pour découvrir l'oeuvre géniale de Juan Manuel de Prada, un déjà grand de la littérature hispanique et à mon avis de littérature mondiale.

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Simplement chiantissime

1 étoiles

Critique de Homo.Libris (Paris, Inscrit le 17 avril 2011, 57 ans) - 9 juin 2013

Alléché par les excellentes critiques laissées sur ce site, j'ai acheté ce livre et me suis lancé dans sa lecture avec optimisme ! Quelle déception, je n'ai pas pu aller plus loin que la cinquantième page. L'écriture est pénible, les digressions nombreuses, l'entrée en matière tardive, bref j'ai laissé tomber !
Je ne m'étais plus autant ennuyé dans une lecture depuis le lycée, quand nous étions obligés de lire du Balzac !

En quête d'identité

7 étoiles

Critique de Rouchka1344 (, Inscrite le 31 août 2009, 33 ans) - 10 juin 2010

Alléchée par la critique de Cptnemo, je n'ai pas hésité à lire ce gros bouquin et en effet cette lecture s'est révélée très prenante.
Julio Ballestero découvre que le père qui l'a élevé n'est pas son père biologique mais un résistant français qui a disparu avant sa naissance. Julio va partir connaitre l'histoire de ce père absent amnésique, lui même en quête de vérité et de souvenir, à travers les histoires rapportées par différents personnages.

Prada nous plonge dans la seconde guerre mondiale dans la France occupée et corrompue ainsi que dans l'Espagne franquiste et nous présente l'Homme capable de courage, de cruauté, d'hypocrisie et d'idéalisme. Le thème central est la culpabilité des hommes face aux évènements historiques dont ils ont été aussi bien les spectateurs que les acteurs, des hommes catalogués dans un camp "bon" ou "mauvais" qui restera gravé sur leur front sans jamais pouvoir effacer leurs actes. Des hommes qui ont été avant tout les jouets de l'Histoire.
Jules et Julio, le père et le fils, sont en recherche de leur identité et ce qu'ils trouveront changera le cours de leur vie, leur perception de la vie et de l'avenir.

L'écriture est belle, parfois un peu pompeuse. Des passages savoureux, d'autres moins.

Le voyageur sans bagages

6 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 26 avril 2010

Je sors de la lecture de ce roman plutôt sonnée par l’abondance et l’enchaînement rapide des péripéties : attentats, assassinats, interrogatoires et tortures, guet-apens, électrochocs, trahisons ………dont Jules Tillon, super-héros, alias Houdini le bien nommé, l’as de l’escapologie ( l’un des nombreux mots rares usités dans le roman et qui rendent utile la présence d’un dictionnaire à portée de main) sort toujours prêt à affronter une nouvelle aventure comme le héros d’un roman-feuilleton du siècle dernier .

Ce roman à tiroirs , riche, foisonnant, fortement documenté, restitue l’atmosphère de la France sous l’occupation allemande, emmène le lecteur dans différents univers : celui de la Résistance , celui de la collaboration et de la Gestapo ; dans les camps de réfugiés espagnols, dans les boîtes de nuit interlopes de Paris , de Barcelone , dans le monde de la psychiatrie, et pour finir en Argentine où se sont réfugiés les anciens nazis , et cela à un rythme effréné qui ne laisse aucun répit .

Certes, le roman pose des questions importantes sur la barbarie, sur l’engagement politique et ce qu’il implique comme sacrifices ; il est bâti sur un thème intéressant : la recherche de l’identité : Julio par la recherche de son père, et Jules , cet amnésique, ce voyageur sans bagages, par la recherche de ce qu’il fut dans le passé ; mais je trouve que cette recherche s’effectue sans tâtonnements, que les différents voiles se lèvent bien facilement .Tout alors s’explique, les faits apparaissent clairement avec un luxe de détails incroyable . Le père Lucas , très vite retrouvé, parle d’abondance de ce que fut le couple Jules et Lucia , puis le psychiatre Portabella, retrouvé tout aussi facilement , sur la vie de résistant de Jules avant son amnésie , revenue à la conscience grâce à l’hypnose . Ces narrateurs racontent le plus souvent des scènes dont ils n’ont pas été les témoins oculaires - puisqu'ils confient à Julio ce qu’auparavant Jules ou Lucia leur ont confié - avec une abondance et une précision de détails difficilement crédibles pour des situations qu’ils n’ont en aucun cas vécues .

Du sang et des larmes ; de l’aventure, de la violence et de la passion , une écriture ampoulée, tels sont est ici les ingrédients de la recette de Juan Manuel de Prada , recette efficace mais que j’ai trouvée un peu indigeste .

Sur le même sujet de la quête de l’identité , un roman se déroulant à la même période dans les camps des réfugiés républicains espagnols et que je recommande : Le jour de votre nom d’Olivier Sebban également publié au Seuil en août 2009 .

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