La vie de Frederick Douglass, esclave américain, écrite par lui-même
de Frederick Douglass, Hélène Tronc

critiqué par Oburoni, le 15 mars 2009
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Le pouvoir de la lecture
L'autobiographie de Frederick Douglass, ancien esclave et l'un des plus importants abolitionnistes de la fin du XIXeme siècle.

Il nous raconte sa vie d'esclave dans les plantations du Sud, dans le Maryland, de son enfance à sa fuite pour le Nord.

La brutalité des maitres -et il nous parle d'un Etat où l'esclavage passe pour être l'un des plus humains, comparé à l'Alabama ou le Mississipi... !-, leur violence arbitraire, les injustices, les privations, rien n'est épargné des horreurs qui jalonnent une telle vie.

Les esclaves sont traités pire que des animaux domestiques; on découvre même l'inimaginable comme, par exemple, l'utilisation des femmes comme mères porteuses !
On s'en doute : c'est ignoble, choquant, abject, et la lecture peut en être difficile tant, au fil des pages, l'on s'enfonce un peu plus dans le nauséeux.

A travers son expérience -et, encore une fois, il est assez "privilégié" de par l'Etat où il vit...- on comprend ce qu'est vraiment l'esclavage et en quoi il déshumanise aussi bien l'esclave que le maitre.

Les mots me manquent pour en parler, imaginez ce que cela doit être de le vivre !

Lui aura toutefois une chance, qui sera un tournant dans sa vie : la femme de l'un de ses maitres ( il en changera souvent ) lui apprendra, alors qu'il est encore adolescent, l'alphabet.

Si elle arrêtera son enseignement là, après que son mari l'ait convaincu que rien n'est pire qu'un Noir qui sait lire -un esclave qui lit est en effet un esclave qui peut vite devenir insatisfait et incontrôlable; dangereux, mieux vaut donc les maintenir dans la plus crasse des ignorances- il est déjà trop tard : plus son maitre insiste pour ne pas qu'il apprenne à lire, et plus Frederick Douglass comprend que dans la lecture réside un pouvoir qu'il veut aussi posséder.

Il apprendra donc à lire, avec l'aide des gamins blancs du voisinage, s'entrainant sur des journaux chipés ici-et-la et, dans ces journaux justement, ce qu'il lit change sa vision du monde.
Il comprend ce qu'est l'esclavage et toute l'injustice de sa condition. Il découvre les idées abolitionnistes. Il apprends surtout que, dans les Etats du Nord, un Noir est libre.

Il prends donc une décision qui va changer sa vie : s'enfuir.

Apres des tentatives infructueuses, et les châtiments terribles qui les accompagnent, il réussira enfin à échapper à ses maitres et rejoindre New York.

A noter qu'il ne dit pas comment il s'y est pris. Le livre est publié en 1845, lorsque l'esclavage a encore cours, le dire serait mettre en danger non seulement les personnes qui l'ont aidé mais aussi révéler le mode de fonctionnement des réseaux souterrains qui passent les esclaves en fuite du Sud vers le Nord.
Il a eu sa chance, il veut laisser la voie ouverte pour d'autres...

Une lecture courte ( à peine 80 pages ) mais marquante.