Genséric, Roi des Vandales
de Emile-Félix Gautier

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 19 février 2009
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
Vandales ou martyrs ?
Les Vandales sont les barbares les plus célèbres de l'Histoire de l'humanité. Leur nom et le mot «vandalisme» qui en découle, est gravé à jamais dans la mémoire des peuples. Mais le Roi des Vandales, Genséric, s'il faut en croire E-F Gautier, l'auteur de cette biographie, est injustement méconnu : c'était un grand général, un meneur d'hommes et un diplomate d'une intelligence et d'une clairvoyance comme l'Histoire en a peu connu.

Cette biographie est très intéressante. L'auteur ne se contente pas d'une étude analytique des faits et gestes de son héros. Il nous raconte son histoire et celle de son peuple, mais aussi l'histoire de tous les barbares. Il nous décrit aussi la décadence de l'Empire romain, la relève opérée par l'Église naissante et finalement, son livre est une grande fresque des siècles dits, barbares.

Il y a très peu d'écrits sur Genséric et les Vandales. Il n'y a plus d'historiens au cinquième siècle. Et c'est, curieusement, de là que vient l'intérêt du livre : l'auteur a dû chercher partout les quelques témoignages de cette épopée. Il a travaillé pendant dix ans à fouiller les documents des érudits de l'époque, c'est à dire les membres du haut clergé et notamment Saint Augustin, mais aussi les informateurs à la solde des grandes puissances.
Il lui a fallu ensuite beaucoup d'esprit de déduction et d'une très bonne connaissance de l'époque pour déceler dans ces documents, la part de flatterie, d'exagération et d'objectivité.
Et le lecteur y trouve son compte parce que chaque source est remise dans son contexte et très bien expliquée.

Et l'historien E-F Gautier va très loin dans ses explications. Il a adopté le point de vue des auteurs allemands pour qui les barbares seraient plutôt des peuples héroïques et civilisés qui luttaient pour leur survie face aux invasions asiatiques.
Sa thèse est que l'Empire romain était mort de sa belle mort dès la fin du quatrième siècle et que les peuples germaniques seraient venus revivifier le vieux peuple latin dégénéré, et qui avait perdu son âme.

Un historien qui défend une thèse, pour autant qu'il le fasse de bonne foi et que cette thèse soit plausible, est toujours amusant à lire. Il bouleverse presque toujours les idées établies. Le lecteur est alors tenté de, lui-même prendre parti et, d'approfondire la question en cherchant d'autres thèses chez d'autres auteurs.
Ici, notre bibliographe en est bien conscient : il n'hésite pas à citer ses sources et à renseigner d'autres études qui défendent d'autres points de vue.

Ces commentaires sont encore une fois beaucoup trop longs et je doute un peu que Genséric et ses Vandales passionnent les foules. Mais je voudrais terminer en disant, une fois de plus, tout le bien que je pense de la collection la «Bibliothèque Historique» chez Payot à Paris.
Et, pour l'anecdote, mon exemplaire n'était pas coupé, ce qui donne toujours à la lecture un attrait supplémentaire et... inexplicable.

Voilà donc un livre qui brode, avec passion, sur le thème que beaucoup d'historiens considèrent comme le plus passionnant de l'Histoire : la mort d'une civilisation.
Un livre passionnant pour le lecteur passionné par ce genre de sujets.