Ce matin
de Sébastien Rongier

critiqué par Sahkti, le 6 février 2009
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Continuer à vivre
"Prolonger ces premiers instants. On sait que bientôt tout se perdra dans l’habitude. Regarder encore les passants, avec une insistance qu’on ne sait pas. Et un sourire qui ne s’efface pas. Moment banal d’un monde changé. Étourdissement du visible. Le soleil frappe déjà. Et la fatigue n’est pas retombée. La belle fatigue de la veille. La tête tourne. Encore. Rentrer. Rentrer et se reposer." (page 20)

Roman dur et délicat. Dur dans la brutalité des émotions qu'il fait naître ou réveille. Délicat dans la manière d'aborder ce drame qui est celui d'un accident de voiture qui ôte la vie. Banal à grande échelle au regard de l'humanité, exceptionnellement difficile lorsqu'on le vit de tout près.
Et c'est ainsi que tout commence, par un accident de voiture, par la nouvelle douloureuse qu'il faut entendre puis à son tour annoncer, par les formalités à accomplir, par le quotidien à gérer et le deuil à apprivoiser.
Accident ou événement fortuit, imprévisible, qui entraîne... des milliers de fragments dans son sillon, ceux des vies emportées et de celles qui restent.

Dans un langage élégant et poétique, à l'aide de phrases courtes et de nombreux instantanés, Sébastien Rongier retrace ces parcours brisés par le prisme des proches, des intimes qui font face. C'est pudique et en même temps, situé au creux des émotions. Le lecteur ne peut que se laisser emporter par ce tourbillon et ces souffles courts. C'est habilement mené, il se dégage une petite musique de tout cela, celle de la tendresse.