Rouge à lèvres sur le plongeoir d'une piscine municipale
de Tarik Noui

critiqué par Sahkti, le 3 février 2009
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Mourir et en vivre
Il y a des livres comme ça, où c'est le titre qui décide. Coup de coeur, curiosité et c'est le départ d'une nouvelle découverte.

Nadar Suarès est surveillant de baignade. Sa femme Soha est une ancienne célébrité de mode qui a mis sa carrière en veilleuse lors de la naissance de leur fils Charlie. Le couple vit dans une harmonie d'apparence, Soha regrettant le strass et Nadar remplissant de drôles de contrats: faire passer des morts d'enfants pour des noyades accidentelles.
"Nadar Suarès réorganise votre vie" comme le dit l'auteur. Sur demande de parents, il exécute, est bien payé et la vie pourrait continuer de la sorte si Charlie ne trouvait un jour lui-même la mort par noyade.

Tout au long de l'ouvrage, Tarik Noui décortique la personnalité de Nadar, de Soha, de Nunca également, attirance féminince de Nadar qu'il côtoie à la piscine. Adrien Labsmann, l'agent de Soha, est également de la partie, il joue un rôle primordial dans ce lent processus destructeur.
Et puis il y a Charlie, le fils mort, intervenant entre chaque chapitre, donnant sa vision des choses et sa version de l'histoire. Charlie qui permet au lecteur de saisir quelques fragments de vérité au milieu de tous ces mensonges et qui rend la fin du livre encore plus cruelle. Car il est beaucoup question de cruauté dans tout cela, d'amertume et de désillusion. Nadar tue pour l'argent mais aussi pour exorciser des démons enfouis qui riment avec raté ou inassouvi.

J'ai aimé l'écriture poétique et souple de Tarik Noui, sa façon de découper le récits en chapitres courts et inquisiteurs, le machiavélisme malheureux de ses personnages. Pas de longueurs ou d'effets inutiles, il va au fond des mots pour dire ce qui ne peut l'être.
Un beau livre.