Les deux Républiques françaises
de Philippe Nemo

critiqué par Ciceron, le 6 janvier 2009
(Toulouse - 75 ans)


La note:  étoiles
La République, propriété maçonnique et syndicale
Philosophe, historien et professeur en sciences sociales et politiques, Philippe Nemo distingue deux républiques françaises issues de deux révolutions radicalement antagonistes : la Révolution démocratie-libérale de 1789 et la Révolution jacobine totalitaire de 1793.

Elles s’opposent par deux conceptions de la démocratie, si l’on peut dire : la première, inspirée des régimes parlementaires anglo-saxons, a pour pivot la représentation nationale et les élections démocratiques, la seconde les refuse et les juge illégitimes.

A l’appui de multiples exemples, Nemo démontre que depuis plus de 200 ans, même à la suite de cuisantes défaites électorales, l’émeute, l’action syndicale, les actions concertées et illégales qui accompagnent traditionnellement les grèves, les menaces sur les non-grévistes, les piquets de grèves, les assemblées prétendument générales où seule une minorité est présente et où il n’y a pas de vote à bulletins secrets, revient à imposer le pouvoir des minorités violentes.

Le cas le plus frappant est celui de 1870 où “les rouges“ provoquent l’insurrection contre la politique pacifiste du gouvernement Thiers qui avait obtenu 80 % des voix.

Les fondamentaux de cette ligne dure sont tout entiers dans la Première République jacobine et son symbole absolu, la Convention : assemblée tyrannique et criminelle élue après cooptation des candidats et exclusion ou incarcération des opposants. Et in fine par 10% du corps électoral, donc en aucun cas représentative.

Ce déni électoral a une logique fort simple : le peuple ne sait pas ce qui est bon pour lui, c’est donc un petit groupe “d’élus“ ou initiés qui a pour mission de penser et de décider pour lui. Pensée d’inspiration millénariste et constructiviste : fabriquer l’Homme Nouveau pour un Avenir Radieux à n’importe quel prix, mis en oeuvre par Robespierre suivi d’une longue liste de dictateurs plus sanguinaires et calamiteux les uns que les autres. Tous élevés au rang d’icônes planétaires quand ils sont de gauche.

Ici intervient l’organisation secrète qui depuis sa devise ‘Liberté, égalité, fraternité“, a pris en main cette mission avec la plus grande autorité, masquée, la Franc-maçonnerie, au point de considérer la République comme sa propriété. Ainsi des bataillons de députés légifèrent depuis plus de 200 ans sur des objectifs définis hors de la sphère publique.

Afin que les acquis sociaux soient irréversibles, la FM a favorisé une copropriété qui complète ce tableau de démocratie virtuelle : les syndicats, Gardiens de la Révolution et bras armé qui menacent par la rue tout projet de réforme, forcément bourgeoise et réactionnaire. Quant à l’horreur de l’économie de marché, elle vient de son espace de liberté d’autonomie et d’indépendance de la pensée, suspect et intolérable.

Combattant férocement le catholicisme (Edgar Quinet voulait détruire toutes les églises), substituant à son enseignement l’Education Nationale fortifiée, véritable clergé paré de ses vètements sacerdotaux, Temple du Bien, la FM est bien l’Eglise de la République.

A coté du point essentiel de démocratie apparente, Nemo passe en revue et remet à l’endroit bon nombre d’impostures et manipulations historiques des républicains “1793“. Ainsi, les plus antidreyfusards et antisémites enragés (l’anti-juif et l’anti- youtre), sont révolutionnaires et socialistes et non libéraux conservateurs et catholiques, eux dreyfusards, Léon Blum même en témoigne. Mais dès que l’innocence de Dreyfus devient évidente, les anti retournent leur veste et s’approprient le beau rôle, en accusant avec la dernière violence ceux qui avaient vu juste dès le début.

Nemo garde le plus gros pour la fin, le hold-up politique, moral et historique de la Libération, chef-d’œuvre de manipulation “1793“: les premiers collaborateurs maquillés en uniques résistants et les premiers résistants traités de plus vils collabos réactionnaires de droite, ça va sans dire, pour la simple raison qu’ils n’étaient ni communistes, ni gaullistes.

L’auteur nous rappelle tout de même que le régime de Vichy a été instauré par un vote de la chambre du Front populaire à majorité de gauche ; les 3/4 des députés socialistes et radicaux ont voté les pleins pouvoirs à Pétain. Et Laval et Darlan étaient de gauche. Phrase choc de Rudolf Schleier, conseiller d’ambassade remplaçant d’Otto Abetz à Paris fin juillet 43 :“La grande majorité des partisans de la politique de collaboration vient de la gauche française“.

Nemo conclut sa brillante démonstration de terreur intellectuelle par le puissant appareil de contrôle et de formatage qui soutend l’exercice du pouvoir spirituel de la gauche et n’existe dans aucun autre pays démocratique : l’Education Nationale, exclusivement aux mains des tenants de “1793“ dont la mystique ne se discute pas, ne s’argumente pas, résiste à toute objection rationnelle basée sur les faits et le cas échéant soulève des montagnes au point de faire échec au suffrage universel.

L’origine et la cause du divorce français et de sa démocratie virtuelle. Bonne lecture.