Enigmes à Bourvillec, tome 2 : Arrête ton cinéma
de Jean-Paul Birrien

critiqué par Shelton, le 5 janvier 2009
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Que d'images ! Quelle aventure !
Jean-Paul Birrien nous propose là son second roman policier de la série « Enigmes à Bourvillec », village imaginaire de la Bretagne profonde, lui qui est, par ailleurs, habitant et fonctionnaire d’une petite ville bien réelle, Carhaix pour ne pas la nommer…
Que ceux qui ont lu avec plaisir l’opus précédant, « Tournée de campagne », ne se précipitent pas sur cet ouvrage en pensant à une suite quelconque. En fait, cette histoire n’a rien à voir en dehors du village que l’on retrouve dans la dernière partie. La série est liée au lieu non aux personnages… Ceci étant dit, on a le droit de se précipiter sur « Arrête ton cinéma » mais pour d’autres raisons qui comme on va le voir relèvent du style, du rythme, du thème, de l’intrigue, des personnages…
Ce roman est avant toute chose une explosion de folie, de décalage, d’absurde, de violence… dans un univers doux, agréable, poétique, romantique et, aussi, breton… C’est peu dire que j’ai adoré, que cette lecture m’a réjoui, que ce roman a réveillé en moi une multitude d’images et d’envie de le transformer en film, en théâtre, en récits… Bref, une envie irrésistible de me l’approprier et de le resservir aux autres…
Je vais essayer de respecter l’auteur et le lecteur en ne vous disant que ce qui peut être livré sans détruire le suspense et sans y ajouter du Shelton alors que l’auteur a tout fait pour que vous vous comportiez comme moi, mais avec votre sensibilité et votre culture…
Un des personnages importants – ici il n’y a pas un seul héros – est un grand malade, indiscutablement. Il aurait mieux valu qu’il ne sorte jamais de son hôpital psychiatrique. Mais, en même temps, comme chacun d’entre nous sur ce site dédié à la littérature, il est fou de romans et de films, en particulier un certain Gatsby le magnifique ! Dès le départ, l’auteur compte sur votre imaginaire qui va prendre des tournures différentes en fonction de votre lecture du roman, de votre vision du film ou de votre absence de tout contact avec cette histoire… Ce personnage illuminé est Charles Dubois, il a environ quarante ans, il vit avec sa maman qui, elle, sombre délicatement dans l’alcoolisme… Notre ami Charles se prend pour Gatsby quand ce n’est pas Delon ou un autre du septième art…
Tout commence par basculer quand Gatsby, enfin Charles, rencontre Emma qu’il prend instantanément pour Daisy de son histoire fétiche… Emma a un fiancé, un certain Freddy, jeune homme sans repère, sans morale, sans limite, perdu dans un monde qu’il ne comprend pas bien, avec un soupçon d’anarchisme débridé…
Un trio qui va tomber, vite et sans assurance, dans un tourbillon infernal, une aventure qu’aucun ne maitrise, ne comprend, mais qui ne peut que mal finir…
Jean-Paul Birrien sait construire son roman pour qu’à aucun moment nous ne soyons tentés de le refermer, pour que notre lecture ne soit qu’un flux continu de bonheur, de peur, d’angoisse et de rigolade (Si ! En fait, on peut rire plusieurs fois et bon cœur !). Sommes-nous dans un roman policier classique ? Certainement pas ! Un policier quand même, un roman tout simplement à coup sûr ! Ce pourrait être, aussi, un excellent scénario de film !
J’espère que vous serez nombreux à tenter le bonheur en l’ouvrant, car ce roman n’a pas encore le succès qu’il mériterait (je précise que je ne réagis là qu’en tant que lecteur enthousiaste ne connaissant absolument pas personnellement l’auteur).