Meurtres en bleu marine
de C. J. Box

critiqué par Pipierre, le 30 décembre 2008
( - 64 ans)


La note:  étoiles
Cadre dépaysant pour une intrigue ordinaire
Annie, 12 ans et son frère cadet sont témoins d'un meurtre en pleine forêt. Sachant que les meurtriers les ont vus, ils se sauvent et trouvent refuge dans un ranch. Le cowboy propriétaire leur viendra en aide.
Si l'auteur sait rendre l'atmosphère des coins perdus de l'Idaho, avec ses petits villages et ses étendues de nature, ses ranchs et ses stetsons, il concocte ici une histoire assez ordinaire, et met tous les éléments en place un peu trop tôt, de sorte qu'on ne peut vraiment attendre de surprises par la suite.
Cependant, chapitre après chapitre, il nous retient par son talent, il sait raconter une histoire.
Je déplore aussi la fin, un peu trop cowboy à mon goût mais bon, c'est dans le style..
Bleu marine, comme l’uniforme de la police 7 étoiles

Je sais maintenant à quel auteur me fait penser C.J. Box ! C’était moins flagrant avec « Winterkill », le premier que j’aie lu. C’est marquant ici, avec « Meurtres en bleu marine ». J’ai irrésistiblement pensé à Patricia McDonald, avec cette capacité à monter le niveau d’angoisse avec un sentiment d’irréversibilité jusqu’à du peu soutenable, puis de laisser l’action dégonfler progressivement l’angoisse jusqu’à résolution de l’énigme. Un peu comme un qui monterait une grosse quantité d’eau en altitude, avec tous les efforts et la difficulté que cela sous-entend et qui la laisserait alors s’écouler du haut, lentement, par simple effet de la gravitation.
Personnellement je prends pas mal de plaisir à la lecture de tels ouvrages même si je conçois que ça puisse paraître vain à d’autres. Quand c’est bien fait …
Annie Taylor, douze ans, et son petit frère vivent avec leur mère, Monica, dans une petite ville, un « trou », de l’Idaho. Monica, un peu paumée, cherche l’âme sœur et c’est ainsi que les deux enfants croisent au lever le matin, dans leur maison, un homme ramené par leur mère la veille au soir, un homme qui n’aurait pas dû se trouver là. L’homme de trop pour les enfants qui, en plein désarroi et en colère, décident de sortir un peu du chemin tracé :

« Si Annie Taylor, douze ans, n'avait pas emmené son petit frère William à la pêche ce vendredi après-midi d'un mois d'avril humide du nord de l'Idaho, elle n'aurait jamais assisté à l'exécution, ni croisé le regard des assassins. Mais elle était en colère contre sa mère.
Avant d'être témoins du meurtre, les deux enfants, vêtus de grands sacs-poubelle qui devaient les garder au sec, s'étaient frayé un chemin entre les saules encore chargés de pluie qui longeaient Sand Creek. À la suite d'une averse matinale, l'eau s'était accumulée au creux des feuilles d'aulnes et les toiles d'araignée perlées de gouttelettes ployaient entre les branches. Lorsque le soleil avait disparu derrière les gros nuages noirs qui encombraient le ciel, le jour s'était soudain obscurci, effaçant le contour net des ombres et plongeant la forêt dans une pénombre désolante. Noire et spongieuse sous les arbres, la terre était glissante le long du sentier. Les semelles des chaussures des enfants faisaient des bruits de succion tandis qu'ils remontaient péniblement les berges de la rivière.
Après avoir quitté leur maison située à l'extérieur de la ville, Annie et William avaient été pris en stop par Fiona, la préposée au courrier. Elle les avait déposés quelques kilomètres plus loin et ils avaient marché deux bonnes heures, cherchant en vain un endroit où la rivière serait plus calme. »

Et voilà que dans leur incartade les deux enfants assistent à une exécution et sont repérés par les tueurs. S’ensuit une chasse à l’enfant, aux enfants qui ne savent plus à qui se fier et qui vont tomber sur Jess Rawlings, un propriétaire de ranch qui n’a pas encore abdiqué les valeurs fondamentales au profit … du profit justement !
Le roman sera donc ce cache-cache entre les assassins à leur recherche et les enfants accompagnés de Jess Rawlings.
C.J. Box s’y entend en matière de nature américaine, celle de l’Idaho ici, de valeurs fondamentales de l’Ouest. Il sait aussi présenter les méfaits de la civilisation américaine comme elle va, plaçant profits et superficialité au-dessus des relations humaines.
Mixez tout ceci, confiez le à un C.J. Box qui écrit honorablement et vous avez un thriller qui vous tient jusqu’au bout en haleine.

Tistou - - 67 ans - 29 décembre 2012