Théâtre complet : Tome 2, Hercule mourant ; Antigone ; Iphigénie
de Jean de Rotrou

critiqué par Alouette, le 1 novembre 2008
(Seine Saint Denis - 38 ans)


La note:  étoiles
Avant l'inoubliable Iphigénie de Racine
Je vais juste critiquer Iphigénie.
Cette pièce a largement inspiré Racine pour sa version d'Iphigénie.
L'histoire est bien entendu la même: grâce à un faux prétexte (mariage avec Achille), Agamemnon appelle sa fille, Iphigénie afin de la sacrifier aux dieux. En effet, sa mort est LA condition nécessaire à la victoire sur les troyens. Le caractère des personnages est par contre différent. En effet, pour prendre un exemple significatif, Achille est sincèrement amoureux d'Iphigénie dans la version racinienne (ce qui ajoute au pathétique de la situation) alors que chez Rotrou, c'est une question d'honneur. Il ne supporte pas d'avoir été impliqué à son insu dans cette histoire.
Ce serait trop long d'étudier en détail les différences. Il faudrait écrire une thèse.
Le mythe originel n'est pas détruit comme l'a été celui d'Electre avec Crébillon (j'aimerai en parler mais la pièce n'est plus éditée, du moins je trouve pas l'ISBN). On s'attendrit devant la relation qu'entretient Clytemnestre et sa fille. Je crois que c'est l'une des premières fois qu'on le voit dans son rôle de mère, donnant des conseils à sa fille pour son mariage.
On s'indigne devant l'hypocrisie de Ménélas.
L'une des scènes les plus touchantes est sans doute le quiproquo entre Agamemnon et sa fille, l'un parlant du sacrifice et de sa douleur à devoir le cautionner alors qu'Iphigénie pense qu'il a de la peine à la voir partir et fonder sa propre famille.
On sourit en lisant certains passages,surtout devant la naïveté du roi des rois lorsqu'il évoque l'intégrité d'Egisthe, son remplaçant.