Un cancer du sang : Parcours d'un porteur de lymphome
de Henri Cachia

critiqué par Henri Cachia, le 28 octobre 2008
(LILLE - 62 ans)


La note:  étoiles
RESCAPE D'UN CANCER DU SANG
En mars 99, on m’a diagnostiqué un Lymphome Malin Non Hodgkinien Folliculaire (cancer du sang). Après 6 chimiothérapies étalées sur 6 mois et une autogreffe de moelle osseuse, j’ai bénéficié d’une rémission de deux ans. Puis rechute. Une décision fut alors prise sans hésitation : allogreffe de moelle osseuse. Grâce à la compatibilité de mon jeune frère, l’opération a eu lieu le 23 août 2002. Il est bon que cette présentation soit tardive par rapport à la sortie du livre fin novembre 2004. En effet, cela veut dire que depuis plus de six ans je suis guéri et en parfaite santé. Que ce soit un petit message d’espoir pour tous ceux qui connaissent ou auront à connaître le même genre d’expérience, pour le moins mouvementée…

J’essaie de varier les plaisirs. J’ai choisi pour présenter ce modeste ouvrage, l’article-reportage-interview de Virginie HEIZE, journaliste à LA VOIX DU NORD, paru les 24 et 25 janvier 2005. Je trouve qu’elle a bien transcrit mon livre, ce qui prouve qu’elle l’a lu, puisque qu’elle pose aussi les bonnes questions…

Témoignage
Henri Cachia raconte sa maladie dans un livre qu’il veut « militant »
Rescapé d’un cancer du sang
Henri Cachia, 53 ans, le cheveu ébène et la silhouette longiligne. Qui soupçonnerait qu’il est un rescapé du cancer ? Personne, à moins d’avoir lu son témoignage publié fin 2004 aux éditions L’Harmattan. Dans UN CANCER DU SANG. Parcours d’un porteur de lymphome, le Lillois raconte sa maladie, depuis le diagnostic jusqu’à la fin de sa convalescence en Haute-Savoie.
-Après le récit de l’annonce de la maladie, le lecteur est plongé dans le journal de votre greffe de moelle osseuse, au service hématologie du CHR. Un récit très dur.
« Ce journal a été en réalité écrit une année jour pour jour après la greffe de la moelle osseuse, en août 2003. J’ai fait beaucoup d’efforts pour essayer de resituer les évènements au jour le jour. Jamais je n’aurais pu l’écrire en temps réel. Après huit mois d’hôpital sans interruption, je suis revenu chez moi. Il m’a encore fallu un bon moment pour retrouver mes moyens. La greffe de moelle osseuse est quelque chose de très éprouvant.»
-L’hôpital semble un monde parallèle.
« Oui, c’est vraiment la parenthèse. Surtout le mois et demi en chambre stérile. On entre dans une autre dimension du temps. Les infirmières doivent passer par un sas, se laver deux fois les mains, et mettre un équipement spécial, à chaque fois. Forcément, on a moins de visites. J’insiste, je n’ai pas connu l’inhumanité du personnel soignant, tant décrié par ailleurs, mais bien tout le contraire. »
-Une fois que vous quittez le CHR pour le Centre Spécialisé de Praz-Coutant, on a l’impression que vous guérissez du jour au lendemain.
« Pendant les trois mois et demi dans cette chambre du CHR, avec vue sur le métro aérien, et une cheminée d'usine, je n’ai envie de rien. Même pas de m’asseoir dans le fauteuil. Le départ pour la Haute-Savoie, c’est le départ en vacances. Voir des voitures sur l’autoroute, aller à la cafétéria, même entre deux ambulanciers…C’est une grosse bouffée d’oxygène. De ma fenêtre là-bas, je vois toute la chaîne du Mont-Blanc. Ca me donne envie de faire quelques pas. Très vite, je participe aux animations, aux ateliers d’écriture et d’Art-thérapie. Jusqu’à avoir la force intellectuelle et physique de rédiger la nouvelle qui est à la fin du livre.
-Là-bas, vous oubliez les questions médicales.
« Effectivement, le reste a pris le dessus. Je suis pourtant loin d’être guéri. En arrivant, je pèse 48 kilos, vingt de moins que mon poids de forme. Je continue les transfusions, les médicaments, les prises de sang. »
-Vous évoquez peu la mort.
« Il y a 15 à 20% de décès dans les six mois qui suivent la greffe de moelle. Pour moi, la question ne se posait pas : lors de la réunion d’information pré-greffe, j’avais retenu 2%. La mort n’était pas ma préoccupation. J’ai plutôt fait le passage en revue, réfléchi à mille choses. Si je guéris, comment j’envisage l’avenir ? Je sais un peu plus ce qui est essentiel. Depuis, mes projets sont à l’année. J’essaie de ne plus remettre au lendemain. »
-Pourquoi avoir écrit ce livre ?
« Je le veux « militant ». J’espère qu’il sera stimulant pour les gens qui connaissent ou auront à connaître ce que j’ai vécu. Je reçois déjà beaucoup de témoignages. Mais au départ, je l’avais écrit pour mon fils de 15 ans. C’est l’un des rares de mon entourage qui ne l’a pas encore lu. Ca lui rappelle quelques mauvais souvenirs : il était tout le temps dans l’incertitude. »
-Quels sont vos projets ?
« L’écriture d’abord. Aujourd’hui, j’écris tous les jours. En mars, un bouquin paraît chez le même éditeur sur mon passé de directeur de compagnie théâtrale. J’aimerais aussi continuer à faire l’acteur de temps en temps. Enfin, je viens de commencer une formation avec la Société Française d’Expression Scénique et de Scénothérapie. C’est l’alliance du théâtre et de la psychanalyse. Pour intervenir, par exemple, auprès des cancéreux dans les hôpitaux. Je vais peut-être faire valoir dans mon CV le fait d’avoir eu un cancer… Je n’y pensais pas.
Propos recueillis par Virginie HEIZE