L'Etat et la langue
de Robert Lafont

critiqué par Sahkti, le 22 octobre 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Oc ou oïl?
Historien de la littérature et des sociétés, Robert Lafont voue un amour passionnel à la langue d'oc, à laquelle il a consacré plusieurs travaux et de nombreuses heures de cours.

L'oc au sud, l'oïl au nord, deux langues que Robert Lafont retrace en parallèle et replace dans le contexte de l'histoire de France, un Etat fort qui verra peu à peu le Nord prendre le dessus, en particulier Paris, sur le Sud. Domination qui se ressent fortement dans le domaine linguistique.
Robert Lafont s'attarde donc sur l'histoire des langues régionales, essentiellement la langue d'oc, depuis la chute de l'empire romain jusqu'au 17e siècle, période de la création de l'Académie française (1635).
La langue a joué un rôle essentiel dans le développement de l'Etat français, d'un pouvoir fort et centralisateur qui n'hésitera pas à utiliser le rapport entre les langues pour affirmer son pouvoir et la supériorité du pays.
Langue culturelle, langue politique aussi, instrumentalisée à souhait et à outrance.

A travers cette vaste fresque historique, socio-linguistique, Robert Lafont dresse un état des lieux des rapports langue-pouvoir pendant ces siècles d'Histoire qui ont façonné la France. Des rapports souvent plus complexes et subtils qu'on pourrait le penser, en particulier ce délicat rapport Nord-Sud.
Cet essai, riche et hautement documenté, est technique, plutôt pointu et devrait intéresser plus d'un linguiste et/ou amoureux de la langue française.
Un texte clair et lisible, instructif au possible, qui permet de revisiter la culture française avec un autre regard, enrichi.