Physiologie de Georges Palante : Pour un nietzschéisme de gauche
de Michel Onfray

critiqué par Gryphon, le 16 octobre 2008
(Mexico DF - 59 ans)


La note:  étoiles
Vraiment de gauche?
D'un côté, je trouve très convaincant cette idée de faire surgir la philosophie de soi, de se prendre soi-même, physiquement, mentalement, comme origine et point de départ de toute pensée - à l'opposé de la philo académique. Le trajet de Georges Palante serait ainsi exemplaire, moins par sa pensée en tant que telle, mais par l'implication biographique dans la pensée.

Jusque là, d'accord. Après, ça se gâte un peu: que penser sur ce fameux nietzschéisme de gauche, dont Onfray se fait le héraut? Quant le livre est paru, en 1989, il était encore sous-titré "Essai sur un nietzschéen de gauche"; la réédition de 2002, elle, est sous-titrée "Pour un nietzschéisme de gauche" - la différence est de taille. Ça suppose déjà que le nietzschéisme tout court est de droite. Peut-être. Mais si on se met à catégoriser de droite ou de gauche une pensée philosophique, on la réduit à un simple programme politique et fatalement à une philocratie, rien en tout cas qui implique une sagesse quelle qu'elle soit.

Et puis, j'ai la curieuse (mais persistante) impression qu'Onfray s'aveugle. Possible que l'oeuvre de Palante se situe à une "gauche" de Nietzsche (faudrait que je la lise), mais Onfray cite aussi des propos élitistes, nationalistes et antisémites. Tout porte à croire que si Palante avait vécu plus longtemps (il meurt en 1925), il se serait très bien accomodé du nazisme, et au bout du compte on se retrouverait avec un banal nietzschéisme d'extrême-droite sur les bras.