Cette mauvaise réputation
de Guy Debord

critiqué par Gryphon, le 5 octobre 2008
(Mexico DF - 59 ans)


La note:  étoiles
Dans les dents
Il y a des jours où il ne fait pas bon d'être journaliste, surtout si on a pondu un article sur Guy Debord. Dans un des ses ultimes écrits, celui-ci ressasse tout ce qui a pu paraître sur lui dans la presse et quelques pamphlets de 1988 a 1992, et c'est loin d'être tendre pour les journaleux.

Bien entendu, le combat est inégal: c'est le ciselé d'un essai contre les impératifs de bouclage d'un journal. La tentation, pour un journaliste, avait été forte; comme Debord ne donnait par principe aucune interview et méprisait la presse dans son ensemble, on en était réduit à des hypothèses, dont certaines tirées par les cheveux, forcément. Mais aussi, comment écrire sur des écrivains "secrets", ceux qui refusent toute médiocratie, les Pynchon, Salinger, Blanchot et Süskind entre autres? Je ne suis pas convaincu qu'il s'agisse toujours d'une manifestation de la "société du spectacle", qui se retrouverait fort dépourvue face au spectacle de l'absence.

Debord écrit: "Je ne suis pas quelqu'un qui pourrait être conduit au suicide [...] par d'imbéciles calomnies". Par des calomnies, non; mais il se suicidera l'année d'après pour d'autres raisons.

Et puis, je comprends mieux maintenant l'animosité de Régis Debray contre l'auteur. Voici ce que Debord en dit: "L'ambitieux ridicule a couru vers tout, s'est jeté sur tout, a tout manqué. Castro, Guevara, Allende, le Mitterrand première variante. Maintenant, il voudrait créer une sorte de science de la médiatisation, il n'en est naturellement même pas capable."