Quinzième tome des aventures de Charlotte et Thomas Pitt. Cette fois pour son enquête, Thomas évolue dans le monde des hommes politiques, des hauts fonctionnaires et de l’aristocratie. Nous sommes à Londres en 1890 et c’est la course à l’Afrique ! En effet, l’Angleterre, l’Allemagne et la Belgique se disputent le territoire africain, espérant mettre la main sur les immenses richesses que renferme ce continent encore inexploité. Mais, des fuites de précieux renseignements se produisent au ministère des Colonies, mettant en péril les chances de réussite de l’Empire britannique d’asseoir son hégémonie sur l’Afrique. L’histoire débute par la mort de Sir Arthur Desmond, le mentor de Thomas qu’il a élevé comme son propre fils et qui était un ancien haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères. Matthew, le fils de Sir Desmond rend visite à Thomas et lui exprime ses doutes quand à la mort accidentelle de son père. D’après Matthew, son père a été éliminé par le fameux « Cercle intérieur » que les déclarations de Sir Desmond à propos de l’Afrique et de sa colonisation dérangeaient au plus haut point. Thomas est donc chargé de deux enquêtes : l’une officielle pour la fuite des documents et l’autre informelle pour la mort de Sir Desmond. Mais un autre meurtre viendra compliquer l’affaire déjà assez tortueuse. En effet, une respectable dame de la haute société dont le mari travaille au ministère des Colonies, est retrouvée morte sur les berges de la Tamise, tout près de Traitor's Gate. Elle a été sauvagement assommée et étranglée avant d’être jetée à l’eau. Sa mort a-t-elle un lien avec les fuites de documents ?
Encore un épisode de cette série très réussi et extrêmement bien documenté en ce qui concerne l’Afrique et sa colonisation. Anne Perry brosse un tableau bien détaillé des enjeux de la « course à l’Afrique » et de ses conséquences sur la vie des Britanniques mais surtout, sur la vie des Africains dont certains craignent pour la survie de leur culture et de leur mode de vie ancestrale. Le personnage de Cecil Rhodes est au cœur de l’histoire et son personnage n’y apparaît pas sous un jour très favorable comme beaucoup d’autres intervenants.
Dans cette enquête, Thomas agit la plupart du temps seul et ne reçoit pas beaucoup d’aide de Charlotte sauf pour la fin. Tante Vespasia met son grain de sel et donne un léger coup de pouce à Thomas. Une foule de personnages évolue dans cet épisode et la prise de notes est à conseiller si vous voulez vous y retrouver. Quelques passages sont très prenants dont celui dans lequel Thomas retrouve son enfance en visitant le manoir de Sir Desmond où il a passé toutes ses jeunes années en compagnie de Matthew. Il retrouve les bruits et les odeurs qui lui sont restés familiers et je dois dire que c’est touchant à lire. Un autre passage est aussi très réussi, celui où Thomas explore les égouts de Londres à la recherche d’une cape. Encore une fois, le « cercle intérieur » plane sur l’enquête et Thomas éprouve pour la première fois une peur viscérale d’être éliminé par celui-ci. La fin est palpitante. Charlotte prend les choses en main et demande l’aide d’Eustace March qui accepte de bon cœur. L’action et les coups de théâtre se succèdent jusqu’à la toute fin de ce roman remarquable d’une non moins remarquable écrivaine dont les œuvres sont de plus en plus abouties et bien construites.
P.S. : Au sujet du titre, Traitor's Gate (porte des Traîtres) est le nom de la porte qui prit son nom lorsqu'elle fut utilisée comme accès à la Tour de Londres pour y introduire les prisonniers d'État.
Un site intéressant sur la Tour de Londres et ses fantômes...http://www.dinosoria.com/tour_londres.htm
Dirlandaise - Québec - 69 ans - 4 septembre 2008 |