Fleurs Lascives
de Jean-Paul Daoust

critiqué par Sahkti, le 23 août 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
L'amour en déclinaisons
L'amour est omniprésent au creux de ces lignes poétiques. Un Amour avec un grand A, celui qui se nourrit d'histoires diverses et variées d'amour avec un petit a, celui qu'on nourrit et qui se consume, celui qui fabrique des souvenirs que la mémoire se permet de réveiller de temps à autre, de manière délicieuse ou douloureuse.
Jean-Paul Daoust met ainsi l'accent, entre autres, sur la passion et les souffrances qu'elle engendre. Tourments dus à la beauté de l'émotion, mais aussi à son intensité et au fait que lorsque cette passion se voit couper l'herbe sous le pied, prend fin sans crier gare, elle demeure vivace au fin fond de l'esprit, rappelant à son (mal)heureux propriétaire ce à côté de quoi il est sans doute passé. Lancinante douleur qui donne alors naissance à une autre forme d'amour, plus idéalisée, nécessaire à la survie car c'est grâce, aussi, aux souvenirs et à la douleur, que l'homme avance dans la vie. L'auteur décrypte le sentiment amoureux sous toutes ses facettes et assemble le fruit de sa réflexion en fragments poétiques qui nous disent ce que nous sommes nous-mêmes, l'amour étant indissociable de notre caractère humain.
A parcourir avec méditation, j'ai aimé les échos que ce recueil a éveillés en moi, souvenirs lointains ou fulgurances très actuelles.


Un extrait:
"Rêve calciné rejaillis de tes cendres !
Illumine à nouveau le miroir
Fleur de cristal enfin épanouie
A même les déchets des mirages
Une envie folle de mordre une épaule
Reviens ! Reviens ! clame le souvenir
L'écho appelle un passé instantané
Les yeux se ferment pour mieux monologuer
À l'instar des mains quand elles prient
Ce soir expose une nostalgie exemplaire
Une nacre narquoise orne mes ongles
En vigile dans ton dos
Doux comme la neige
Ah ! mon miracle perpétuel
Je pars et je te somme de revenir !
L'ombre d'un mouvement filmé
Le rythme complice d'abord se dédouble
Anamorphoses de la passion
Nous aurions dû mourir ensemble
A l'accident de notre rencontre
Avant de vieillir
Clichés de nous-mêmes
Papyrus enluminés nous aurions été alors
Recensés et consacrés
Ultime poème amoureux"


Une esquisse biographique:
"Jean-Paul Daoust est né a Valleyfield en 1946. Poète et romancier, il a été récipiendaire du Prix du Gouverneur général en 1990 pour son recueil Les cendres bleues. Il a été professeur de littérature et directeur de la revue de poésie Estuaire pendant de nombreuses années. Il a participé à de multiples lectures publiques de poésie, au Québec et en France, et il est invité régulièrement à la radio nationale en tant que poète et lecteur. Son œuvre, composée de plus de vingt recueils et romans, a été traduite en plusieurs langues. Parmi ses titres récents, retenons Taxi pour Babylone, 111 Wooster Street, Les lèvres ouvertes et Les versets amoureux." (texte biographique par l'éditeur)