Bagdad mon amour
de Ṣalāḥ al- Ḥamdānī

critiqué par Sahkti, le 14 août 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Bagdad, je reviendrai
Né en 1951 à Bagdad, Salah Al Hamdani est poète, écrivain et homme de théâtre. Opposant à la dictature de Saddam Hussein et aux guerres irakiennes, il vit en exil en France depuis 1975. Après la chute du régime, il est retourné sur place. Un voyage qui nous a valu l'émouvant "Bagdad mon amour" (http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/14527), cru de souffrance et de douleur pour dire la difficulté à reconquérir une terre et un passé.

Avec "Bagdad mon amour", Salah Al Hamdani tente de mettre du baume au coeur de ses souvenirs, de sa ville et de l'avenir de ce pays entièrement à reconstruire. Amour, espoir, vie... le poète dissèque par fragments ces éléments indispensables au futur de cette zone qui ne connaît toujours pas la liberté.
Dans un langage simple et touchant, proche et accessible, l'auteur dépeint des horizons lointains et des mondes à venir.

Il y a beaucoup de force et d'espoir dans ces lignes, avec un regard tourné vers le passé:

"Vois-tu
je ne possède pas de langue
pour nommer les victimes
simplement
dans ma tête
les tombes et les palmiers se bousculent.
Alors
depuis l'exil
je suis seul chaque soir et m'endors
avec le rêve de courir demain sur l'Euphrate"
(page 20)

mais aussi vers le futur:

"A force d'espérer te revoir
je vais reconquérir ton aube
je vais ramasser les dattes gorgées de balles
et la main pleine
me sacrifier à ta lumière.
Aux nuits d el'exil
je vais jeter un pont de regret sur le fleuve
et ensemencer les clos."
(page 51)

Comme un dialogue entre un paradis perdu et une réalité à espérer, comme des fils qui tisseraient la vaste toile d'une civilisation à renaître, Salah Al Hamdani construit pas à pas le chemin vers la reconquête de tout ce qu'on a pu voler dans la vie des gens, exilés ou non, privés d'un pays qui est pourtant le leur.
J'ai aimé la sagesse et la pudeur de ses mots, leur profonde sincérité et tout ce qu'elle dégage.