Leçons américaines
de Italo Calvino

critiqué par Veneziano, le 24 juillet 2008
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Pourquoi et comment écrire
Dans ces cinq conférences à Harvard, l'écrivain italien expose ce qui le pousse à écrire, et quels sont ses objectifs, ainsi que ses craintes pour la littérature. Ces textes sont savants, illustrés de manière érudite, avec des extraits en langue originale puis traduits. Il expose une exigence et une sensibilité qui le meuvent.

Dans Légèreté, il évoque le poids du temps, de la longueur qui tend à étendre les maux. Les qualités de vitesse, d'adresse et de vivacité intellectuelle permettent de profiter au mieux de l'instant, de s'éloigner de la pesanteur de vivre. Il s'inspire d'Epicure ets des philosophes s'en inspirant, à propos du mouvements des particules et atomes, et en tire la nécessité du mouvement, de l'agilité.

Dans Rapidité, il reprend quelque peu l'idée du profit du moment, du méfait de faire étirer les effets d'une même chose ou sensation dans le temps. Cette rapidité est un peu diversité d'esprit et d'occupation. Il ressent la nécessité, via la technologie, de réduire les contraintes du temps et de l'espace, afin de renforcer la communicabilité et la capacité d'action.

Dans Exactitude, il défend la précision lexicale, l'évitement du quiproquo, par la recherche de la connaissance et de la rigueur de l'expression. Ces valeurs, qui semblent aller de soi, connaissent, selon lui, un tassement, un recul, d'où ses craintes pour l'avenir de la littérature. Aussi expose-t-il son attirance pour les ouvrages de logique et scientifiques, comme il l'avait un peu montré avec la physique épicurienne.

Dans Visibilité, il parle de l'inspiration et de la créativité, qui permettent d'élaborer non seulement une description, mais tout procédé narratif : en effet, l'imagination est une pluie d'images au milieu desquelles il faut apprendre à voir, et à voir pour autrui. L'écrivain se fait le démiurge de ses personnages, puisqu'il doit rendre compte de ses ressentiments et de ce qu'il a sous les yeux. Il s'inspire de Dante pour tirer sa réflexion. L'écrivain doit mettre en forme son cinéma intérieur, pour pouvoir le restituer, parfois sous plusieurs angles.

Dans Multiplicité, il fait peu ou prou l'éloge de la pluridisciplinarité, et revient sur la nécessité de la connaissance, comme dans Exactitude, mais dans sa dimension tant scientifique que sociale, pour mieux pouvoir percevoir le réel, afin de le retranscrire, via ce qu'il décrit dans son roman : la réalité, complexe, doit être, en quelque un cadre ou un socle à l'écriture à venir.

Il y a une unité et un fort lien entre les thèmes invoqués, que j'ai essayé d'expurger. Je ne pense pas en avoir saisi, au terme de cette première lecture, toutes les nuances. Il faut prendre un peu de temps, et y revenir pour maturer la réflexion sur la genèse de l'écrit. C'est, en tout cas, intéressant.