Les très longues peines de prison
de Yvan Laurens, Pierre Pédron

critiqué par Veneziano, le 19 juillet 2008
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Comment gérer l’inflation des détenus pour des peines lourdes
De ce sujet, il en va des libertés publiques. Cette ouvrage est d'actualité, et fait suite à la législation de l'actuelle équipe gouvernementale française, et participe à l'instruction civique du grand-public. Il permet de prendre un peu de recul, d'approfondir et de rectifier ce que peuvent en dire les médias généralistes.

La durée des sanctions pénales augmente en France, malgré l’individualisation des peines, sensées donner plus de latitude aux juridictions et les peines alternatives à la privation de liberté. Ce constat désole les personnels pénitentiaires, dont le travail s’avère d’une dureté croissante. La tendance vers la plus grande répression et le prononcé de davantage de peines longues est encouragé par le durcissement de la législation anti-terroriste, l’instauration de peines-plancher et l’allongement, outre celle des peines, des mesures de sûreté, qui assurent l’effectivité de la peine et la rapprochent de la peine prononcée dans la durée.
Néanmoins, si l’incompressibilité des peines est augmentée, les juges d’application des peines ont une plus grande latitude pour réduire cette durée.
A cela, s’ajoute la faiblesse du nombre de libertés conditionnelles, en baisse sensible.
Ce constat est d’autant plus préoccupant qu’une très longue peine peut être perçue comme un traitement dégradant, en raison du vieillissement, de la non-curabilité de certains maux psychologiques. De surcroît, la réclusion à perpétuité peut être assimilée à une « peine de mort lente ». Aussi la Cour européenne des droits de l’homme considère qu’une peine trop longue peut tomber sous le coup de traitements inhumains et dégradants, contraires à la Convention européenne.
Il est également question des conditions de détention, la spécialisation des établissements des établissements et de leurs différents quartiers, et donne quelques pistes sur les quelques mesures données en vue d’une réinsertion, comme de la formation et de l’obtention de diplômes, du soutien psychologique, des visites et des parloirs. Si l’auteur note qu’il est effectivement apparu une véritable science pénitentiaire et une branche du droit spécifique, ce livre donne l’occasion de vouloir en connaître bien davantage, mais aussi cet ouvrage se veut-il plus juridique que sociologique.