Béno s'en va-t-en guerre
de Jean-Luc Benoziglio

critiqué par Bolcho, le 3 novembre 2001
(Bruxelles - 75 ans)


La note:  étoiles
Mais non ce n'est pas que pour rire...
Une île (sans doute grecque) durant une guerre contre un méchant (sans doute turc) pendant une année (1974 ?) catastrophique pour le tourisme. Les touristes, précisément, sont coincés sur l'île.
Sans nouvelles de quoi que ce soit d’un peu sérieux mis à part la propagande télévisuelle déversée par des colonels pas très fréquentables. Alors, ils perdent un peu les pédales, s’enivrent d'abondance, disent n'importe quoi et se laissent observer par ce cynique de Béno. Et, comme il dit « (.) alors que là-bas, en face, sur l’autre île, les balles sifflaient de tous côtés, faisant des milliers de morts et de disparus, le seul crépitement dont retentit notre île (et encore, pour l'entendre, il fallait drôlement prêter l'oreille) fut celui de la machine à écrire de Béno, alias la grande gueule. » La première phrase fait 123 mots (j’ai compté) dont 64 entre parenthèses. Et encore, elle est assez sage. Il n'est pas rare d’avoir des parenthèses beaucoup plus longues (et parfois même des parenthèses de plusieurs lignes (je vous le jure) à l'intérieur de parenthèses de plusieurs pages). Et on comprend quand même. La lecture est fluide. Et surtout, l'ensemble (la forme donc, mais aussi le fond) est d’une irrésistible drôlerie. Et je n'ai parlé que des parenthèses. J'aurais pu évoquer les majuscules, les néologismes, l’utilisation des caractères (pas les caractères des personnages, non, ceux d’imprimerie.). Par exemple, l'auteur nous montre une carte postale de l'endroit sans faire appel à l’image. Et ça marche. Mais j’aurai prévenu tout le monde : ce n'est rien que pour les gens pas sérieux. J'en suis. Passionnément. Surtout quand l'approche pas sérieuse permet de traiter les menées militaires comme Benoziglio le fait. Un dernier truc. Les jeux de mots, calembours et autres effets de fiente qui vole, vous en aurez jusqu’à plus soif. Et n’oublions pas que le calembour, c'est quand il est mauvais qu'il est bon…