Les Secrets de la princesse de Cadignan et Autres études de femme
de Honoré de Balzac

critiqué par Ferragus, le 1 novembre 2001
(Strasbourg - 61 ans)


La note:  étoiles
Se restaurer à peu de frais
Une des grandes ravageuses de l'univers balzacien finit par devenir elle aussi une femme rangée en quête de respectabilité. Qui eût cru que la duchesse de Maufrigneuse, l'âge de raison venu, accepterait de se ranger des voitures?
On rappellera que la duchesse, c'est la dévoreuse par excellence. Avec un appétit pantagruélique, elle consomme, consume devrais-je dire, amants, fortunes (celles des autres cela va de soi), la vie tout simplement. Mais amants et fortunes ne sont pas loin s'en faut, denrées inépuisables. Frappée de plusieurs revers, ruinée, la duchesse devenue princesse de Cadignan trouvera en Daniel d'Arthez suffisamment de grandeur d'âme pour absoudre les pêchés passés, et Dieu sait qu'il en fût!
Je conseille d'aborder l'oeuvre de Balzac par ce petit roman (à peine 70 pages) où l'on retrouve une admirable peinture des moeurs parisiennes, quelques personnages récurrents (la marquise d'Espard, Rastignac, Marsay, Blondet et d'autres encore), et toujours cette inimaginable faculté à décrire les êtres dans ce que sont leurs plus intimes pensées. La dissection des artifices avec lesquels la princesse ferre d'Arthez est pur régal de gourmet. A déguster entre deux mets plus consistants.
L'amour ? 7 étoiles

Publié chez Souverain en 1840 sous le titre UNE PRINCESSE PARISIENNE, sa version définitive sortira de chez Furnes en 1844.

La princesse est encore très belle malgré le fait qu'elle approche de la quarantaine (critères de l'époque). Avec la sempiternelle marquise d'Espard elle s'avouent n'avoir jamais vraiment aimé. Elle ont bien eu de nombreuses aventures liées à leurs besoins et leurs lubies du moment mais le concept de l'amour vrai et partagé leur est inconnu.
La princesse voit en Daniel d'ARTHEZ la proie idéale pour découvrir ce rêve.
Commence alors la parade des mondanités : les salons, les thés qui se prolongent, les baisers chastes sur les mains, les confidences, les larmes (vraies ou simulées). Ces deux là, que l'âge sépare (l'écrivain étant beaucoup plus jeune), parviendront ils à percer le mystère ?



PERSONNAGES

– Baron Daniel d'ARTHEZ : il a 38 ans 1833. Ecrivain de génie ; après une jeunesse pauvre, laborieuse et vertueuse, consacrée à l'écriture et aux idées de gauche, devient député légitimiste avec la révolution de Juillet. On le rencontre un peu partout, même en des textes inattendus (La Messe de l'athée, Une ténébreuse affaire, Mémoires de deux jeunes mariées), mais ses romans favoris sont Illusions perdues, Splendeurs et misères des courtisanes. Il apparaît aussi dans La Rabouilleuse avec ses amis du cénacle, dans Pierre Grassou, Béatrix.

– CADIGNAN, duc de Maufrigneuse jusqu'en 1830, puis prince de : a épousé sans amour la fille de sa maîtresse, la duchesse d'Uxelles; sauvé d'un assassinat par Michel Chrestien lors de la défense des Tuileries.

– CADIGNAN, duchesse Diane de Maufrigneuse, puis princesse de : femme du précédent, une des plus grandes dames de la Restauration, célèbre pour sa coquetterie, son goût du luxe et son intelligence. Inséparable de toutes les Scènes de la vie parisienne mais aussi de quelques autres (Le Cabinet des Antiques par exemple). Elle a d'abord épousé l'amant de sa mère et a additionné quelques « erreurs » avant de séduire d'Arthez.

– CADIGNAN, Georges de Maufrigneuse, duc de : fils des précédents : âgé de vingt ans en 1833. Il épousera Berthe de Cinq Cygne vers 1838 (Une ténébreuse affaire).

– Michel CHRESTIEN : membre du Cénacle fréquenté par Lucien de Rubempré (voir Illusions perdues) et ami fidèle de d'Arthez ; esprit exalté, républicain inconditionnel et adorateur secret de la duchesse de Maufrigneuse ; tué dans l'affaire de Saint-Merri, le 6 juin 1832.

– Marquise d'ESPARD : l'autre grande dame de la vie parisienne, amie et confidente de la princesse de Cadignan ; femme volontaire et redoutable.

Monocle - tournai - 64 ans - 22 janvier 2021