La Civilisation, ma Mère !...
de Driss Chraïbi

critiqué par Editeurdecritiques, le 7 juin 2008
( - 27 ans)


La note:  étoiles
une histoire
4ème de couverture
Deux fils racontent leur mère, à laquelle ils vouent un merveilleux amour. Le plus jeune d'abord, dans le M-A-R-O-C des années 30. Menue fragile, gardienne des traditions, elle est saisie dans des gestes ancestraux, et vit à rythme lent, foetal. Radio, Cinema, Fer à repasser, Téléphone deviennent des objets magiques.

Ce livre est l'exemple des personnes qui pendant le protectorat français découvrent des inventions datant de plusieurs siècles. Ce livre est M-A-G-N-I-F-I-Q-U-E. Je vous conseille de le lire. Et en plus son auteur est malgré son âge un écrivain de talent.
un hymne à la mère libérée 10 étoiles

Les mères aussi peuvent être des héroïnes hors du commun. Ainsi, la Mère que nous présente Driss Chraïbi, "si menue, si fragile", aux yeux de son fils cadet. C'est une femme qu’on a laissée dans l’ignorance de tout : "Personne ne lui avait rien appris depuis qu'elle était venue au monde. Orpheline à six mois. Recueillie par des parents bourgeois à qui elle avait servi de bonne. À l'âge de treize ans, un autre bourgeois cousu d'or [le père du narrateur] l'avait épousée sans l'avoir jamais vue". Depuis le mariage, elle vit recluse, ne sortant jamais de la maison, comme une femme marocaine de ce temps-là. Mais c’est compter sans ses deux films qui, profitant de l’absence fréquente du père, vont, devenus adolescents, la faire sortir de sa maison et de sa chrysalide d’ignorance (elle croit qu’il y a un magicien caché dans la radio). Elle découvre les rues et la ville, ils lui apprennent à lire, l’emmènent au cinéma (un des chapitres les plus drôles du livre) ; elle se révèle avide d’apprendre, de comprendre sa vie. Et voilà que de sujette, elle se met comme les Marocains de l’époque à revendiquer son indépendance, à l’instar du pays. Elle va en fin du livre quitter le pays pour rejoindre son fils qui étudie en France.
Formidable portrait d’une mère innocente, à l’âme pure (on pense à "L’idiot" de Dostoïevski), respectueuse des traditions, de la religion musulmane et des légendes qu’elle a entendues et qu’elle restitue si bien. Son horizon soudain s’élargit et c’est un enchantement : d’abord avec l’arrivée de l’électricité et de la radio,des fers à repasser électriques ou de la cuisinière moderne, la découverte du cinéma (à l’entracte entre les deux films, elle réinvente l’histoire vécue et la raconte aux autres spectateurs, ébahis de son innocence et de son inventivité). Car, à aucun moment, elle ne perd tout à fait cette innocence propre aux grandes âmes. Mais, en s’instruisant, elle développe une intelligence acérée, teintée de bienveillance et de désir de justice. Un livre bouleversant sur une héroïne du quotidien, narré avec un humour dévastateur terriblement efficace.
Un pur joyau !

Cyclo - Bordeaux - 78 ans - 19 décembre 2018


très agréable 9 étoiles

j'ai un bon souvenir de sa lecture, un petit livre fort agréable à lire, très drôle, il raconte la femme marocaine des années 30, qui malgré son niveau d'instruction était bien capable d'intelligence, de grande intelligence même, puisqu'elle va mener la révolution de la femme marocaine contre sa condition, une vraie révolution, en utilisant les moyens les plus modernes de communication de son époque ...
peu connu , je le conseille , à lire.
Driss Chraibi est connu plus en France qu'au Maroc, sa plume est bien française.

Louis ferdinand celine - - 51 ans - 22 mai 2011


la civilisation lecture et écriture 10 étoiles

Un livre qui nous fait découvrir le Maroc et la situation des femmes enfermées traditionnellement au début du 20ème siècle. Grâce à l'aide de ses deux fils - bien différents, mais aussi aimants, la mère découvre l'électricité, le fer à repasser, le cinéma et le téléphone, tous des génies de ses histoires séculaires. Elle découvre aussi et surtout la lecture et l'écriture, le monde extérieur, une possibilité de sortir et de jouer un rôle dans la société et d'un rêve politique où les laissé(e)s-pour- compte peuvent influencer le présent, peut-être. Un livre plein d'espoirs et de rêves, un pays de tous les possibles.
Très amusant à lire et aussi une ouverture pour tous et toutes sur des possibles prometteurs.

Printemps - - 65 ans - 15 août 2009