325.000 Francs
de Roger Vailland

critiqué par Hexagone, le 9 janvier 2014
( - 53 ans)


La note:  étoiles
Stakhanovisme, capitalisme, syndicalisme, amour et bicylcette.
J'ai lu ce livre il y a environ 30 ans, j'avais dans les 12 ans. J'en avais gardé le souvenir d'un gars qui bosse à l'usine et qui fait du vélo.
30 ans plus tard, le gars fait toujours du vélo et bosse toujours à l'usine, mais beaucoup de choses ont changé dans ma compréhension du livre.
Il s'agit de l'histoire de Busard, cycliste amateur à Bionnas qui rêve de devenir pro.
Les courses de clochers dans le Jura et les copains.
Et puis l'amour !
La belle ne veut pas moisir dans cette petite ville où le principal employeur est une usine de plasturgie.
Busard parvient à convaincre le patron de lui confier une presse à injection qu'il va faire tourner 24/24 heures avec son copain Bressan, cela pendant 6 mois afin de gagner le salaire de 325 000 francs.
C'est la moitié de la somme que doit recueillir Busard pour acheter un snack-bar ( l'avenir), au bord de la nationale 7 et ainsi quitter ce bled avec sa Belle.
C'est un très beau roman qui évoque l'ère industrielle dans une petite ville de province, les destins soudés à l'usine, le syndicalisme, le patronat paternaliste, la cadence avec la machine, le sport communal, ici le vélo, sport éminemment ouvrier.
La jeunesse et son impétuosité et surtout cette ambiance ouvrière, cette aristocratie ouvrière que j'ai connu dans mon enfance, ces hommes dignes, ces femmes courageuses, un pan de notre société qui a disparu.
La cité ouvrière, la vie simple de gens ordinaires ici magnifiée.
Et Busard qui incarne tout ces personnages, celui qui veut se tirer, qui veut gagner, qui veut aimer, qui veut vivre.
Une jolie tirade sur le capitalisme illustre le livre, un très bon bouquin.
Vailland a été résistant, communiste, lauréat du Goncourt, il y a du Zola et du Clavel dans ce livre.
Son livre à l'époque devait trôner sur pas mal d'étagères ou de local syndical.
Et je me demandais, où sont ces écrivains qui éclairent , qui tentent de retranscrire minutieusement et simplement un monde et sa réalité, désolé je n'en vois pas.
Un beau témoignage d'une époque enfouie dans un passé que seul les plus âgés peuvent se remémorer, les autres vivent tant bien que mal sans.