Judith, volume II, cycle I
de Paul Oliveira (Scénario), Éric Godeau (Dessin)

critiqué par Shelton, le 1 mai 2008
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Toujours aussi fort...
Nous retrouvons notre château et nos trois gardes du corps spécialement affectés à la protection de Judith et Julia. Mais il est fini le temps où l’on pouvait croire que cette affaire est une banale histoire de sécurité…
Si l’un de nos amis tente de s’abandonner dans de bien savantes lectures, Ainsi parlait Zarathoustra, ouvrage qui ne lui laissera aucun souvenir positif, un autre, lui, passe son temps sur son écran avec des jeux vidéo tandis que le dernier use tous les accessoires de la salle de musculation… Au fur et à mesure la tension monte et on sent bien qu’un piège est en train de se refermer, mais on ne sait pas sur qui. Les auteurs rendent le lecteur fou, oppressé, et c’est une très belle illustration de ce que pourrait bien être un thriller en bande dessinée.
Le pire, non le plus fort, c’est cette petite dose de fantastique, imperceptible, qui monde doucement, très doucement… mais irrésistiblement. Un rêve, que dis-je, un cauchemar, une prémonition, un doute, une discussion captée, un chouia de violence qui naît entre les hommes de protection… et le lecteur imagine le pire, le plus étonnant… à moins qu’il soit encore bien en de-ça de la vérité…
Alors, bien sûr, le critique ne peut pas tout vous dire car le suspense est capital pour sauvegarder une bonne lecture…
Disons, tout d’abord, que la narration graphique est d’une qualité étonnante, qu’elle dégage une maîtrise et d’une maturité digne d’auteurs confirmés même si de nombreux lecteurs ignorent tout de Paul Oliveira (le scénariste) et d’Eric Godeau (le dessinateur). Il faut aussi préciser que les personnages, tant par le texte que le graphisme, dégagent une lourdeur, une pesanteur, une histoire personnelle, qui met le lecteur à la limite du malaise. Pour se sauver il n’a qu’une solution, tourner les pages sans s’arrêter ! Enfin, les dessins et les couleurs, le cadrage cinématographique sont de très bonne facture et le jeu des ombres qui était un des points faibles du premier volume est en constante amélioration. Je pourrais pointer ce qui reste pour moi une petite lacune ou une exagération de jeunesse en parlant du sang des scènes de bagarre ou assassinat : oui, parfois, on a l’impression que le coloriste a laissé tomber la bouteille de mercurochrome sur la planche (page 44 et page 45 par exemple)…
Ce second volume de cette série Judith est pour moi la confirmation que nous sommes en présence d’une très bonne série et nous attendons avec impatience la suite car on se dit bien que la fin tragique (je n’en dis pas plus) de cet album nous prépare à des révélations dans le futur qui ne pourront que tenir en haleine pendant encore de nombreuses heures de lecture…