Lors d’une conférence qu’elle a tenue récemment, Claude Pujade-Renaud a dit s’être lancée dans l’aventure de ce roman historique, juste après avoir achevé «Ces chers disparus» ; à ce moment là, précise-t-elle, elle se sentait dans un véritable désert d’inspiration, cherchant désespérément le thème de son prochain roman ; celui-ci lui a été fourni par une visite qu’elle a effectuée en touriste un 14 août à Port Royal et au cours de laquelle elle s’est retrouvée seule, donnant ainsi toute latitude à sa rêverie devant la beauté du site.
Elle a donc voulu en savoir plus sur ce personnage assez peu connu de Marie-Catherine Racine et s’est plongée dans une abondante documentation sur son séjour à Port Royal, sa vie de femme mariée contre son gré par son père, sortant, en revanche, de sa pure imagination.
Objectif largement réussi sur le plan historique, avec cet ouvrage érudit qui met également en scène, humainement parlant, la double quête par Marie-Catherine d’une part, du vrai visage de ce père disparu dont elle découvrira au fil du temps les aventures extra conjugales et la richesse de ses tragédies profanes -elle qui n’avait lu que ses hymnes et cantiques- ! ; d’autre part, de son manuscrit secret «Abrégé de l’histoire de Port Royal».
Au total, cet ouvrage requiert, certes, un certain effort d’attention de la part du lecteur, tant par sa forme quelque peu déroutante (un roman choral émaillé d’incessants flash back, comme le mentionne ici Romur) que par le fond historique sur lequel il me semble indispensable de posséder quelques notions, si l’on veut réellement en apprécier la qualité ; mais, cet obstacle étant franchi, la récompense vaut largement le détour et donne réellement envie d’en savoir davantage sur le Jansénisme et Racine.
Isis - Chaville - 80 ans - 25 novembre 2011 |