Premier épisode de la série « Les Nouveaux Mystères de Paris », tout en n'étant pas la première aventure de Nestor Burma, « le soleil naît derrière le Louvre » se déroule dans le premier arrondissement en janvier 1954.
Le roman débute par la poursuite assez amusante d'un client régulier, un certain Lheureux, de Limoges, venu à Paris pour se payer du bon temps et faire la bringue, au grand dam de son épouse, Émilie, qui a mandaté notre détective de choc pour récupérer le volage et le remettre dans le train. Mais, le premier cadavre ne tarde pas et Burma est bientôt chargé par le commissaire Florimond Faroux, de suivre discrètement une mannequin un peu actrice ce qui, bien entendu, entraînera notre détective privé dans une série de péripéties hautes en couleur.
En toile de fond, un vol de tableau, un petit monde de prostituées et de truands de plus ou moins haut vol, dans un quartier qui est loin d'avoir perdu son caractère populaire.
Le rapport avec la police est toujours aussi savoureux car Nestor Burma en bon anar qui vient du ruisseau, n'aime pas trop les flics et la réciproque est de mise. Malgré cette défiance commune, chacun sait bien qu'il peut avoir besoin de l'autre...
L'intrigue à tiroirs, bien que peu vraisemblable dans ses rapides rebondissements, - les coups de matraque se succèdent sur la tête de notre pauvre Burma davantage que ne l'exigerait un récit un peu plus réaliste - est assez bien construite. Mais, ce n'est pas ce que vient chercher le lecteur de Malet.
L'écriture, elle, est remarquable par sa modernité et l'on est surpris à quel point elle fait peu daté. Le style alerte de Malet, ses galeries de portraits, ses dialogues marqués par une fine gouaille sont un véritable plaisir pour le lecteur et lui font passer un bon moment. Hélène, la charmante secrétaire de Burma, qui n'a pas sa langue dans sa poche, forme un contrepoint plaisant au chef de l'agence Fiat Lux. Pour couronner le tout, la beauté des quelques touches poétiques confirment que l'on aurait tort d'enfermer Léo Malet dans la simple étiquette d'auteur de polar.
Une lecture bien agréable.
Extrait:
« Elle me regarda avec ses yeux de chien battu. Elle se demandait à quoi rimait cet interrogatoire et si, en fin de compte, il n'allait pas lui dégringoler une tuile sur le coin du maquillage. Les tuiles, elle devait les collectionner ; en réunir déjà un nombre suffisant pour constituer un toit de surface normale. Un toit qui lui serait bien utile sur ce trottoir où les clients l'importunaient certainement moins que les flics ou les intempéries. »
Kostog - - 52 ans - 18 octobre 2018 |