Pantys mortels
de Antonio Ansón, Pepe Cerdá (Dessin)

critiqué par Sahkti, le 3 avril 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Quand la poésie joue la carte de l'horreur
Il y a de la violence, du sang, de la mort et pas mal d'absurde dans ce recueil de Antonio Ansón, auteur espagnol. Un livre caricatural, surréaliste plus que réaliste, où la chair se décompose allègrement face aux turpitudes d'une âme meurtrière. Des textes qui passeraient bien dans une certaine catégorie cinématographique, celle des films dits d'horreur de série B, mais de cette horreur jouissive qui veut qu'on ne peut finalement qu'en rire, parce que c'est excessif, parce que c'est déjanté.
Au premier abord, donc, les textes de Antonio Ansón déconcertent. Sexe, douleur, brutalité, injures et mots crus composent les lignes de ces récits très visuels (Ansón est un spécialiste du rapport entre texte et photographie, il a publié plusieurs recueils à ce sujet). On y retrouve donc, au-delà d'une volonté de choquer, une alchimie étrange mais réussie entre humour noir et scènes filmées. C'est par moments loufoque, incongru et on a le sentiment que tout le monde passe à la moulinette, sans distinction.
Pepe Cerdá illustre ses textes par des dessins tout aussi suggestifs.
A lire, à mon avis, en prenant un certain recul et en adoptant un sens de l'humour complètement décalé, sous peine de passer à côté de l'essence de ce récit, celui d'une douce folie créatrice.
Le recueil est bilingue, français-espagnol.


"Il y a des meurtres avec témoin et d'autres
avec disciple. Le maître d'école
poignarda sa grenouille de femme, abandonné
aux raisons de l'oubli puisque bientôt oublieux.
Etres éveillés
et perméables, les enfants apprirent
que tous les corps, y compris celui de la femme de l'instituteur,
sont mollassons et colorés."
(page 69)