Mémoires : Tome 2, Le trouble et la lumière 1955-1998
de Pierre Vidal-Naquet

critiqué par Veneziano, le 5 mars 2008
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Un historien témoin des grands événements de son temps
Quelle humilité pour un personnage qui a pris parti dans tous les grands événements qui ont marqué son temps. Il a été l'un des rares, avec Teitgen, à condamner, en temps réel, l'emploi de la torture, lors de la guerre d'Algérie. Il s'est opposé à la guerre du Vietnam, et s'est impliqué dans la question juive israélo-palestienne, au point d'en devenir visionnaire, puisqu'il a, dès les années 1950, défendu le contenu des accords d'Oslo, à savoir la constitution de deux Etats voisins. Il émet également une analyse du mouvement étudiant de 1968.
Il développe sinon ses activités universitaires, et son vif intérêt pour la Grèce antique.
Ces prises de position et ses recherches l'ont amené à voyager, à dialoguer, répondre, débattre, ce que l'auteur retrace avec une simplicité confondante : vous serez peut-être tenté de penser que c'est la moindre des choses. Ce n'est pas tout à fait le cas. Cet historien a toujours été engagé, ce qui ne va pas totalement de soi pour un enseignant-chercheur. Il explique la cause de ses positions et de la manière dont s'est forgée sa haute conscience civique, ce que le premier tome peut développer encore : il n'est pas tout à fait anodin d'être adolescent juif sous l'Occupation, et reprend, en quelques pages ce qu'il en est.

J'ai juste un léger regret, qui consiste à ce qu'il n'ait pas consacré des développements sur la vie politique et culturelle des quatre décennies qu'il retrace. Il a préféré se cantonner aux pans de l'histoire général dont il a été acteur, et non seulement spectateur, ce qui peut se comprendre pour l'auteur de mémoires.