Ecrivain cherche place concierge
de Nicolas Ancion

critiqué par Zoom, le 15 octobre 2001
(Bruxelles - 69 ans)


La note:  étoiles
Cocasse, saugrenu, mais où va-t-il?
Un jeune écrivain au chômage qui n'a rien à perdre ni personne à quitter, trouve, par les petites annonces , une place de concierge dans un château dont le propriétaire est momentanément absent..… bonne idée pour un écrivain, non ? Mais là, tout dérape : le lecteur perplexe relit la phrase : ce n’est pas un humain qui ouvre la porte du château, noooon, c'est bien... Il fallait oser ! ! Mais non, ce n’est pas un livre pour enfants . ...et ensuite ? ensuite c’est la guerre, enfin la guéguerre, dirais-je. Pas la grande, mais la plus abracadabrante qui soit, et sans vergogne De l'humour, oui, on peut dire qu’il y en a. De l’originalité, soit!
Nicolas Ancion est un jeune auteur belge très sympathique . Mais je n'ai pas trouvé, entre le cocasse et le saugrenu , la clef d’entrée de sa littérature.
Encore du déjanté 8 étoiles

L’écrivain en question a surtout besoin d’un peu de calme, d’inspiration afin de rédiger des biographies diverses. Pour être vraiment sincère, il serait plutôt , semble t-il, en quête d’aventures (si possible avec une nana …). Le poste de concierge et la nana (en fin du roman), il va les trouver mais pas que cela…
Avec Nicolas Ancion, il faut s’attendre à tout et surtout à ce dont vous ne vous attendez pas du tout. Bref, vous ferez la connaissance d’un lapin (non-non, ce n’est pas un remake d’Alice aux pays de merveilles), d’un ours, de phoques, de manchots avec en prime un combat homérique du genre des jeux vidéos mais encore en plus déjanté …
On le sait maintenant, Nicolas Ancion n’a pas sa langue en poche (voir entre autres la description du village de Soheit-Tinlot où sa tête est certainement mise à prix)… Il est juste le contraire de l’écrivain très comme il faut, pas BCBG (bon-chic-bon-genre) pour un sou, …Gloups !


Extraits :

- ( à propos de la gare des bus sous la piscine de la Sauvenière à Liège qui est restée plusieurs décennies dans l’état, ci-dessous, admirablement décrit) :
(…) Elle se cache sous la piscine communale, la gare des bus, dans une sorte de souterrain qui sent l’urine et le bois pourri sous la fiente des pigeons. Il y a deux quais, si l’on en croit les horaires à demi-arrachés et graffités, deux trottoirs de béton effrité qui s’étendent dans la lumière orange. Ici, c’est la nuit, trois cent soixante jours par an. Le soleil ne brille jamais que dehors et l’humidité ne se lasse pas de suinter. On se croirait dans une scène de film, deux siècles après l’apocalypse, en beaucoup plus sale. Personne au cinéma n’oserait montrer ces bancs démembrés, ces panneaux d’affichage scrupuleusement anéantis, charnière après charnière, ces kilos de détritus amoncelés dans ce qui était une salle d’attente et qui n’est plus qu’une poubelle collante où viennent s’affaler les restes de quelques toxicomanes épuisés. (…)

- Les femmes, pensa-t-il, c’est tout de même plus joli qu’un bus.

- Soheit-Tinlot est sans doute le plus laid village du monde. Ceux qui ont déjà traversé le patelin ne trouveront rien à redire à ce jugement. Les autres, il n’y a qu’un conseil à leur donner : n’aller pas jusque-là, ça n’en vaut pas la peine. (…)
( plus d’une page …)

- Un nuage traverse le ciel . C’est la forme exacte de ses fesses.

Catinus - Liège - 72 ans - 16 juillet 2013


Le château enchanté 8 étoiles

Je me suis régalée!
De manière générale, mais aussi pour plein de petits détails qui m'ont fait sourire.
Comme ces accroches en début de chapitres, un titre auquel répond une citation. Exemple: "Où l'on assiste à un bien agréable repas", suivi de "J'aimerais mieux un lavement!" (Flaubert).
Et puis Soheit-Tinlot. Haaa Soheit-Tinlot, décrié dans le bouquin, parce que moche et sans âme. Mince, il se trouve que je connais bien l'endroit, alors ça m'a fait rire, je passe régulièrement par là quand je suis en Belgique. Ils ont dit quoi les habitants? :)
Sans oublier le château, qui m'a fait penser à Saint-Vitu, du coup, puisque situé à Tinlot.
Bref, toutes ces petites références m'ont amusée et ont donné un charme croustillant à cette histoire quelque peu déjantée.
Tout commence en douceur avec un écrivain esseulé qui passe une petite annonce pour trouver une place de concierge dans un endroit calme, afin de se livrer à sa passion. Le voilà engagé dans un château pas comme les autres, embarqué dans une aventure où un ours vivant amateur de gâteaux au chocolat est l'oncle d'un lapin en peluche qui dirige la demeure. Déjanté on vous disait et ce n'est que le début.
Enormément de digressions, de petites remarques drôles et caustiques au fil des lignes, j'ai beaucoup aimé cela.

Sahkti - Genève - 49 ans - 13 décembre 2008


La clé? C'est l'affaire du concierge. 7 étoiles

La clé que tu n'as pas trouvée, Zoom, peut-être est-ce l'affaire du concierge. Pourquoi la chercher? Il faut entrer dans ce roman cocasse comme on entre dans les Boris Vian des débuts, les Vercoquin, les Troubles dans les Andains. Comme on entre dans un cartoon de Tex Avery, rien que pour prendre un bain d'enfance. Et puis le jeune écrivain Ancion qui met en scène un jeune écrivain recyclé en concierge, ça en dit long sur les aléas du métier, non?

Lucien - - 68 ans - 9 avril 2003