Mon beau cygne perlé de Monique Thomassettie

Mon beau cygne perlé de Monique Thomassettie

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Sahkti, le 14 février 2008 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 342ème position).
Visites : 3 284 

Initiation onirique

Poétique, tendre, mystérieux, presque magique, ce recueil appelle diverses lectures, celle du conte d'abord, initiatique et lyrique, celle de l'interprétation ensuite, multiple et variable.
Tout commence avec l'argile originelle, avec Miranda. Miranda Partage, ainsi nommée par l'Homme. Etre réel et virtuel à la fois, mélange de fantasme et de concept.
Miranda Partage écrit un journal original; elle y parle d'un vieil arbre, d'un univers onirique tellement particulier, de la mémoire et de l'oubli, de l'Infini et de Dieu. Dialogue étonnant et percutant entre Miranda et Dieu, des interpellations pleines de bon sens, des rêves et des envies.
Comme ce conte philosophique "Ogrodoi et le petit Pois", accordant leur vraie valeur aux choses.

"Ogrodoi resta coincé dans le cadre, tandis que les mille et un éclats tournaient autour de lui en impertinente gravitation...
Il s'était voulu le centre de l'univers, l'attraction incontournable...
Il apprit, à ses dépens, que pour être attraction dans un monde équitablement mesuré, il faut être contournable!" (page 31)

Ou cette plongée dans le Labyrinthe de Philipp, l'Homme:
"Une Vue panoramique du Dédale le résout-elle mieux qu'une exploration détaillée?" (page 34)

Une fois de plus, Monique Thomassettie nous entraîne sur un étrange chemin, parcours jalonné de richesses, de tiroirs à secrets et de portes dérobées, qui peuvent désarçonner, voire carrément perdre le lecteur, qui finira tôt ou tard par retrouver le fil, qu'il soit ou non d'Ariane, parce que d'une manière ou d'une autre, les échos se feront entendre et nous raccrocheront à une forme de réalité transcendée par la poésie de l'auteur qui lui donne un visage, une valeur, une autre écoute. Magie particulière nous invitant à regarder autrement autour de nous.

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Un conte poético-initiatique

8 étoiles

Critique de Gilpro (, Inscrit le 4 février 2007, 78 ans) - 15 février 2008

Pas facile, de présenter cette œuvre ! Tout commentaire serait ou paraphrase, ou réducteur. L’auteur l’appelle « conte », mais j’y vois plutôt un cheminement initiatique apparenté aux mythologies, provisoire aboutissement d’une démarche spirituelle, mystique autant que poétique. L’œuvre est d’ailleurs la suite et l’aboutissement d’une autre, « Un cœur symphonique », par laquelle s’ouvrait le recueil « L’âme dénouée », mais qui peut aussi être gratuitement téléchargée sur www.bela.be. Si la lecture de celle-ci n’est pas indispensable, elle n’en offre pas moins un éclairage précieux. Elle mettait en scène un écrivain, Albine, avatar de l’auteur, qui ne parvenait pas à donner son envol à un personnage resté pris dans les limbes de sa méditation. Celui-ci, Philipp, devient enfin le héros du présent conte, dans lequel, de temps à autre, réintervient Albine, pour rectifier son cheminement, orienter notre compréhension.
Comme tous les héros des contes, Philipp « Active », doit affronter des épreuves et vaincre une incarnation du mal, ici le tyran Ogrodoi. Impossible de narrer les péripéties. Ne prenons que l’origine du héros, issu de la sculptrice Miranda « Partage », qui l’a créé en modelant une de ses pensées dans l’argile originelle, et à laquelle en retour il insuffle vie par le présent d’un miroir aux étranges propriétés. Miranda l’accompagnera sous la forme de trois avatars : Vanessa la dramaturge somnambule, reine d’un rêve, autrefois délaissée par Philipp ; Emma la musicienne qui fuit l’Histoire, rencontrée nue dans la fontaine qu’a remplie ses larmes ; Flavia la danseuse flamboyante, experte en art amoureux. Quatre grâces, quatre éléments, réunis en une totalité féminine, et pourtant distincts.
Au fil de son périple, Philipp sera initié à la perplexité de Dieu et à son « impuissance panoramique », à la nature des Dieux et des dieux, et à bien d’autres choses : qu’avant même l’Univers existe « l’Entre », ou que « quand la totalité s’exerce en nous, elle nous fait danser ». Il lui faudra explorer un dédale en profondeur, escalader son pendant symétrique, le mont Eladèd. Il croisera un ermite, rencontrera un papillon, un cygne, un mandala, réconfortera un ange gardien déprimé qui s’attachera à ses pas. Il sera pris pour cible par une lanceuse de traits spirituels sous forme de couteaux qu’il devra éviter par la souplesse. Enfin, initié, il pourra, par la rectitude de son verbe, et assisté par le théâtre de ses protectrices, défaire – provisoirement – tous les tyrans Ogrodoi de tous les niveaux de conscience et d’existence.
L’ouvrage est composé en quatre partie, que l’on peut interpréter comme invitation au voyage, labyrinthe intérieur, affrontement du réel, chant de célébration, avant de s’apercevoir que tout est en tout et peut être inversé, jusqu’à fusionner dans la poésie les différents niveaux de notre être et de l’Être.
Dans les mythes classiques, les tribulations, les épreuves, les actes de héros manipulés par les dieux, sont narrés au premier degré. Libre au lecteur, à l’auditeur, au spectateur, d’en tirer ses interprétations (la psychanalyse en a fait son fond de commerce) ou de se tenir au niveau de l’histoire, qui peut se suffire à elle-même. Ici, par contre, les personnages m’apparaissent comme des pensées, des concepts, des visions poétiques, incarnés et animés certes, mais se mouvant en permanence dans le champ du rêve, de la méditation, voire de l’abstraction. Ce qui impose d’emblée un niveau philosophique et méditatif à la lecture, comme une échelle dont l’auteur aurait ôté le premier barreau. Mais telle est la hauteur de cette échelle que cette obligatoire enjambée, aussi ardue soit-elle parfois, obtient bientôt sa récompense.

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