Le Coup de Grâce
de Marguerite Yourcenar

critiqué par Calepin, le 11 février 2008
(Québec - 42 ans)


La note:  étoiles
Un véritable coup de grâce
4e de couverture : En 1919, dans les pays Baltes ravagés par la guerre, la révolution et le désespoir, trois jeunes gens, Éric, Conrad et Sophie, jouent au jeu dangereux de l'amour. Attirance, rejet, faux-semblants, conflits, mensonges et érotisme les pousseront aux confins de la folie.

Quelle belle découverte que ce court roman ! Heureusement pour le lecteur, la quatrième de couverture ne rend pas justice à la profondeur de l'âme humaine qu'on retrouve dans le texte. Elle nomme par contre des thèmes majeurs de l'oeuvre, mais contrairement à d'autres histoires rose bonbon, ceux-ci sont utilisés avec une grande intelligence pour donner couleur et forme à l'érudition et la sensibilité de Yourcenar. D'ailleurs, la sensibilité est ici plutôt paradoxale, car c'est justement ce que je reproche à l'oeuvre : un peu froide, examinée et scrutée quasi à la manière d'une théorie scientifique. C'est pourquoi certains passages m'ont un peu ennuyé. Mais ne vous y trompez pas. Malgré cette faiblesse, la perception si limpide de l'âme humaine que nous propose Marguerite Yourcenar compense les phrases parfois lourdes et longues, mais remplies de cette impression de vérité universelle. Et c'est à partir de cette force qu'il faut goûter à ce texte. Lentement. Avec délectation.

Quant à la finale, elle rend pleinement justice à l'évolution du personnage principal : un homme calculateur, froid, aux allures insensibles de lucidité qui finissent par lui éclater au visage. J'ai rarement trouvé un titre aussi justifié.